Fondue de vaches, Justine vend des crèmes glacées fermières
Justine a écourté ses études pour transformer et vendre des crèmes glacées fermières, à base du lait des vaches de l’exploitation familiale. Elle goûte que son activité tienne à ces bêtes, qui la passionnent.
« Depuis le bac, vendre des produits fermiers, c’est mon idée ». Plus exactement vendre des produits qui soient tirés des vaches, les vraies, auxquelles elle voue une passion. Justine Aubertin avait spontanément pensé aux fromages, avant que sa mère Agnès lui glisse que le créneau était fort occupé. Justine a donc opté pour les crèmes glacées : mettre en valeur le lait des vaches était tout ce qui comptait pour la jeune fille. C’est tout simple, Justine est… fondue de ces bétails. Déjà, elle a donné un petit nom tous ceux de l’exploitation familiale. « J’ai une mère qui rouspète : je rendrais les veaux trop dociles… ». Qui rouspète… mais qui a décidé de soutenir la gamine. Agnès reste d’ailleurs toujours en appui dans le laboratoire glacier de l’exploitation de la rue de Stron, à Darmannes. Aujourd’hui, Justine a décroché sa place dans dix marchés, à partir du 1er avril et jusqu’au 18 juin. Elle devrait même entrer prochainement dans celui de Chaumont.
Rebond
« On m’avait annoncé un redoublement ». Bac pro agricole en poche, Justine termine alors sa 1ère année de BTS. Au contexte Covid, s’est ajoutée une autre complexité de taille dans sa sphère privée. Justine a dû être sur plusieurs fronts à la fois. Elle vit mal la décision qui se profile. Alors, au lieu de reprendre son année de BTS à zéro, elle entreprend de décrocher un certificat de spécialisation en transformation et commercialisation des produits fermiers, et elle y parvient. La demoiselle va toutefois aussitôt « aller travailler ». Son projet de vente de produits fermiers, elle le garde au chaud, cette expérience professionnelle va lui permettre de voir comment on s’y prend, ailleurs que dans l’exploitation de ses parents. Qui vont tout mettre en œuvre pour aider leur fille. « On a acquis tout ce qu’il fallait dans les papiers, mais c’est elle qui fait ». Justine démarre son activité le 14 novembre 2022.
Attendue à Chaumont
« Le lait est maison et je fabrique moi-même la crème ». À 21 ans, Justine retient que les produits fermiers ont le vent dans le dos. En avançant pas à pas : incursion sur le terrain, création conjointe d’une page Facebook à sa marque. Sur ses premiers marchés, la jeune fille découvre les donneurs de leçon. Qui dissertent sur les édulcorants pour lui faire savoir qu’ils ne jurent que par les parfums naturels. La demoiselle tient le coup, et son endurance paie. À Noël, elle écoule 200 bûches glacées ; à la Saint-Valentin, ses cœurs glacés convainquent. Justine garde en tête que son activité est viable si elle vend « 3,5 tonnes de produits finis ». Elle est confiante. « 3,5 tonnes, c’est vite fait ». Aujourd’hui, ses crèmes glacées aux 20 parfums différents sont présents dans deux points de vente, deux restaurants, peut-être trois bientôt, à la ferme familiale, elle compte dix marchés à son agenda, et devrait tout prochainement entrer sur celui de Chaumont.
Une clochette pour Rose
« Je me sens bien dans ce que je fais ». Même si Justine s’attèle à percer davantage, en « cherchant plus de débouchés », elle savoure le plaisir d’avoir donné vie à son projet. Non, sa gourmandise ne passe pas forcément par les crèmes glacées. En revanche, elle retient que ce sont les vaches qui lui permettent de les produire. Aujourd’hui, Justine rêve de voir une Brune des Alpes, une Jersiaise, une Vosgienne… intégrer le cheptel de l’exploitation familiale, dans lequel sa reine Rose est reconnaissable à sa clochette, qui tintinnabule.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr