Diplômé à Saint-Dizier, il crée sa boulangerie aux Etats-Unis
Ludovic Bezy est depuis cinq ans à la tête d’une boulangerie à Dover aux Etat-Unis, avec son épouse Anita. Il raconte son parcours depuis l’obtention de son diplôme en 1986 au lycée hôtelier Saint-Exupéry.
Décidément, le lycée hôtelier de Saint-Exupéry ne manque pas d’élèves aux parcours extraordinaires. Nous évoquions celui de Laurent Petit, chef triplement étoilé à Annecy. Mais il y a aussi celui de Ludovic Bezy. Ce Haut-Marnais a passé son diplôme au sein de l’établissement en 1986, et le voici aujourd’hui à la tête d’une boulangerie pâtisserie aux Etats-Unis. A Dover, précisément, dans le Delaware, sur la côte est, à un peu plus d’une heure de Philadelphie.
18 salariés
L’établissement fête cette année ses cinq ans et s’appelle « La Baguette ». So frenchy. Mais il a fallu du temps à Ludovic Bezy pour monter sa propre affaire. C’est en rencontrant sa femme, Anita, une Franco-Américaine dont le père, américain, était stationné dans les années 1960 à la base de Semoutiers, que tout a commencé. « On s’est mariés en 1990 et on a décidé de partir en 1993 », raconte-t-il avec une petite pointe d’accent américain. « Au départ, j’ai dit à mes parents que l’on partait pour trois ans, mais une fois sur place, je me suis rendu compte que j’étais le seul cuisinier français dans le secteur et que j’avais beaucoup plus d’opportunités de travail. »
Ludovic Bezy travaille dans un restaurant de l’Hotel Casino de Dover. Et petit à petit, il se fait un nom. « Quand on arrive et qu’on ne parle pas la langue, on n’avance pas vite », explique le chef. « Il m’a fallu cinq ou sept ans pour me sentir vraiment à l’aise et que j’aie une meilleure position dans le restaurant. Quand on commence à parler anglais, on se défend mieux et on peut créer plus. »
Avec son épouse, il y a sept ans, le Haut-Marnais crée « la table du chef ». « C’est une table avec 40 personnes avec un menu unique, je cuisinais devant les gens et je leur expliquais que ce n’est pas difficile de faire à manger. On remplissait une salle deux fois par mois. On a fait ça pendant deux ou trois ans et c’est comme ça qu’on a gagné en crédibilité auprès des banques et la chambre de commerce. » Suffisamment pour que naisse « La Baguette ».
Aujourd’hui, l’établissement compte 18 salariés. On y vend des baguettes bien sûr mais aussi des croissants, des éclairs au chocolat, des mille-feuilles, des tartes au citron (les Américains en raffolent) et toutes sortes de spécialités françaises. « C’est très facile quand on est français d’être influencé par tout ce qui est américain. Si on s’était laissé faire, on se serait devenu une boulangerie américaine mais on a tenu bon. » Pas facile, d’autant que les Américains mangent moins de pain que les Français. Mais avec « La Baguette », cela risque bien de changer…
Frédéric Thore