Plus de 500 000 followers derrière la miss cocktail Marion Tagaux
En découvrant le métier de bartender à l’école hôtelière de Langres, Marion Tagaux a trouvé sa voie. Sans s’attendre à devenir une vedette sur les réseaux sociaux. Une communauté énorme suit la jeune experte es cocktails.
« J’aime le cocktail parce qu’il rend une soirée colorée, belle. Avec lui, ce sont les vacances ! ». C’est en 2014 à l’école hôtelière de Langres que Marion Tagaux découvre la profession de bartender. Tilt, « ça m’a l’air d’un métier cool ». Assez « cool » pour que CAP service en poche, l’étudiante enchaîne avec un bac pro, en alternance, au CFA La Noue de Dijon. Avant de s’engager dans une formation dans une école privée. Si le diplôme délivré passe sous les radars de l’éducation nationale, il a la cote sur le marché du travail.
Des séjours à l’étranger bouclent son parcours d’apprenante. Marion veut s’installer à son compte. Des affinités électives la poussent dans le Cher, à Sancerre, où on ne rigole pas avec le vin. Sauf que le Covid paralyse toujours le pays. « Je suis quelqu’un de très manuel et d’hyper dynamique. À ne pas faire de petits cocktails, j’ai connu une petite dépression ». Marion publie ses premières vidéos, des tutos toniques, son aisance face caméra est spontanée.
« Une réponse au message d’un internaute a tout déclenché ». Marion voit exploser la communauté de ses followers sur TikTok, celles de ses autres fils deviennent costaudes. La bartender décide de « ne pas descendre du train ». D’autant « il y avait des gens qui attendaient et qui avaient soif ».
« Quand je n’invente pas, je ne publie pas »
« Oui, il y a une pression, mais je reste très méfiante ». Si, sur les réseaux sociaux, on l’appelle, on piétine pour découvrir sa nouvelle vidéo, Marion a bien intégré les risques liés à leur usage, et « dès le collège ». Alors tant pis pour son public quand il y a des jours sans. « Je préfère renoncer à publier quoi que ce soit si je n’invente pas ».
La tête bien en place sur les épaules, Marion veille à rester fidèle à ses convictions. Si elle trouve « motivant, gratifiant d’être demandée » ici et là par des marques, qui contractent avec elle – sa notoriété sur les réseaux ne leur échappe pas – Marion dit non à celles qui ne lui correspondent pas. Pour ne pas trahir non plus tous ceux qui lui font savoir qu’elle les a décidés à passer une mention complémentaire barman. « Même si c’est du virtuel… », des petits mots de ce type la font fondre.
Et puis, en étant devenue « vecteur de visibilité », la bartender tient à « valoriser les petits producteurs et les productions locales » car elle veut rester les pieds ancrés dans le territoire – un projet prend peu à peu corps en Haute-Marne.
« Moi aussi, j’ai connu la galère »
« Les réseaux, allez, je vais en profiter une dizaine d’années… ». Si l’autoentreprise que Marion a créée en septembre dernier se porte de mieux en mieux, il y aura en somme un après, auquel elle pense déjà, et avec enthousiasme. Son rêve reste d’ouvrir un bar. « Avec mes proches, qui sont aujourd’hui en appui ». En attendant, Marion savoure son vedettariat 2.0 sans attraper le melon. « Moi aussi, à Chaumont, dans le quartier de La Rochotte, j’ai connu la galère ».
La miss cocktail pense qu’elle aura fait ce qu’elle voulait de son destin quand elle rejoindra la real life. Dans laquelle elle continuera de promouvoir le cocktail, même si elle « en boit peu ». Que voulez-vous, c’est « une bonne bière » qu’elle choisit en terrasse. En revanche, c’est le cocktail qui, avec ses arômes, ses textures, son apparence visuelle, en taquinant sans relâche sa mémoire olfactive, sollicite ses cinq sens -oui, la concoction d’un cocktail sollicite aussi l’ouïe.
« C’est un mode de dégustation, on sublime l’alcool ». Rien à voir avec une consommation en boîte de nuit. « L’alcool pas cher, c’est pour attirer du monde ». Total : on boit sans comprendre quoi. Une époque qui tirerait à sa fin. « Aujourd’hui, on aspire à consommer mieux. Ce qu’on boit suivra la tendance qu’on observe déjà pour ce qu’on mange ou pour la manière dont on s’habille. Même s’il faut payer plus cher ». Et de pointer que la France produit désormais ses whiskies, ses vodkas, ses gins. Heureuse, Marion ? Oui. Et « reconnaissante ». Ses professeurs de l’école hôtelière de Langres Alexandra Jumel et Cédric Boutot, elle « ne les remerciera jamais assez ».
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr