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Haute-Marne : au sud, des vendanges jusqu’à la lie

Gel, mildiou, oïdium et, maintenant… une maturité très tardive : les vignerons du Sud Haute-Marne n’ont pas connu une telle situation depuis une vingtaine d’années. Au mieux, la récolte 2021 sera réduite de moitié, avec un degré d’alcool naturel faible. Tour de caves.

Muid Montsaugeonnais : « Une année de batailles »

Dominique et Isabelle Bernard caractérisent cette année comme « éprouvante ». « On s’est battu contre les gelées les 6 et 7 avril. On a eu un printemps humide avec des attaques de mildiou. J’ai fait 13 traitements avec du soufre et du cuivre et parfois des traitements très rapprochés pour une même parcelle. Ça n’a pas empêché la contamination de la vigne sur le pinot noir à Chatoillenot. On a également eu un développement d’oïdium », énumère Dominique Bernard, le vigneron du Muid Montsaugeonnais.

Pour les blancs, comme le chardonnay, la situation n’est pas meilleure. « Je ne sais pas si on va récolter 20%, soit environ 15 hectolitres par hectare alors que la moyenne se situe à 80 hectolitres », rappelle-t-il. Des blancs qui vont certainement être plus acides que d’ordinaire car actuellement, la maturité est retardée par l’absence de chaleur et de soleil. Il est donc difficile d’atteindre 11 à 12° d’alcool naturel. « Les 3 hectares de la parcelle de Vaux-sous-Aubigny sont très bien en revanche. On va certainement atteindre 60 hectolitres par hectare. Mais il est temps de récolter, les raisins commencent à tomber. On a bien fait d’attendre car nous allons atteindre 12° », explique Dominique Bernard.

Avec toutes ces péripéties, les cuves du chai du Muid Montsaugeonnais ne vont pas se remplir au maximum. « Je pense que nous allons réaliser 400 hectolitres, tout confondu. C’est la moitié de l’an passé », souligne Dominique Bernard.

Le Muid Montsaugeonnais est en conversion bio pour la seconde année. Cela explique pourquoi les batailles sanitaires ont été si difficiles à mener. « Vu les conditions, on s’en sort bien. Pour faire du bio, il faut tout le temps être dans les vignes », rappelle Isabelle Bernard. Une surveillance qui a porté ses fruits.

Reportage Philippe Lagler

LIRE AUSSI : Champagne : les vendanges 2021 s’achèvent en Haute-Marne

À Coiffy, récolte minimale pour le domaine Pelletier

En biodynamie depuis 2017, le domaine Pelletier ne pouvait pas lutter à armes égales face au gel et aux attaques sanitaires. Une situation totalement inédite, qui se traduit par une récolte minimale.

Pierre Pelletier, devant les trois seuls fûts de sa récolte d’auxerrois (©JHM).

C’est un Pierre Pelletier bien désemparé que nous avons retrouvé. « J’ai vendangé de l’auxerrois et, par chance, il était à 13°. Mais je n’ai fait que 3 tonneaux… », déplore le vigneron du Domaine Pelletier. Ce dernier attendait cette fin de semaine, et sa promesse du retour du soleil pour reprendre des vendanges qui ne seront pas pléthoriques. « Je pense que l’on va atteindre 11 à 12°, mais ce sera une petite récolte », souligne-t-il. En biodynamie, les rendements sont naturellement inférieurs à ceux obtenus en conventionnel, mais là… « D’habitude, nous sommes à 40 hectolitres par hectare, on va faire à peine 10 », se désespère-t-il.

Le gel, les attaques de mildiou, d’oïdium auront été fatals au vignoble. « Tout s’est passé entre le 15 et 30 juillet. Malgré les traitements, ce n’était plus suffisant », a constaté Pierre Pelletier.

Il n’y a qu’une parcelle, bizarrement, qui échappe à cette récolte de disette. « On a déjà connu des années difficiles comme en 2012 et 2016, mais celle-ci est la pire que nous ayons subie », affirme Pierre Pelletier.

Ce sera une année sans. Et pourtant, le domaine Pelletier connaît un regain d’intérêt. « Nous travaillons avec 47 cavistes aujourd’hui. Notre vin est exporté au Japon. En fait, pendant la période Covid, plus personne ne venait au caveau. J’ai fait la tournée des cavistes et les résultats sont là », explique Pierre Pelletier.

À Coiffy, chez Renaut, on limite la casse

La SCEA des Coteaux de Coiffy, gérée par la famille Renaut, va accuser une baisse estimée à 30%. Un moindre de mal en comparaison aux autres domaines viticoles du département.

Les raisins peinent cette année 2021 à arriver à maturité (©JHM).

« On fera 30% de moins cette année. Entre 500 et 600 hectolitres au total. Comme tous, nous avons subi le gel entre 10 et 70% en fonction des parcelles. Le pinot noir, le chardonnay et le gamay ont été les plus touchés. Pour l’auxerrois, on fera certainement moitié », énumère Laurent Renaut.

Alors que les vendanges pour les vins tranquilles (vin rouge, vin blanc, et rosé) avaient repris dans un climat froid et sans soleil, Laurent Renaut compte sur cette fin de semaine ensoleillée pour prendre quelques centièmes de degrés d’alcool supplémentaires. Le pinot noir est à 11,2°, c’est tout juste suffisant. L’an passé, il était récolté entre 13 et 14° d’alcool naturel. « Je ne sais pas si l’on fera du vin rouge cette année. On a des stocks des belles années dernières », fait remarquer Laurent Renaut. Mais le vignoble élevé en lyre, c’est à dire en V, n’a pas permis de porter à maturité l’ensemble des grappes. « Le problème, c’est la maturité. On vendange en priorité le côté exposé au soleil », explique-t-il.

Pour contrer les attaques de mildiou et d’oïdium, Laurent Renaut a multiplié les traitements. Il a eu la chance d’apporter de l’engrais au bon moment pour revigorer les ceps. Mais, on ne peut lutter contre une météo qui joue contre vous. Absence de soleil, de chaleur, humidité persistante, c’est un cocktail explosif.

Depuis plusieurs années, les vendanges sont lancées fin août-début septembre. « En temps normal, on dit que l’on vendange après la foire de Montigny, autour du 25 septembre », rappelle Laurent Renaut. Cette année 2021, les vendanges se termineront début octobre… Et encore, le raisin ne sera pas encore à totale maturité. Sale année…

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