La vie en rose
Il en est de la situation géopolitique comme du sable : insaisissable. Elle laisse apparaître une montée inexorable vers les extrêmes. Vers un troisième conflit mondial. Mais par bien des aspects, elle nous envoie des signes d’espoir. La Bourse que l’on disait ébranlée par la crise Covid et la guerre en Ukraine est en train de s’envoler. Un joli pied de nez aux prophètes de malheur. À une réserve près : pour combien de temps ?
Les bons résultats des grandes entreprises expliquent le rebond boursier. Les dividendes engrangés qui ont suscité tant de polémiques ont dopé les marchés. Selon le bon vieux principe qui veut que le succès provoque le succès, un cercle vertueux s’est mis en place.
Par une sorte de superstition qui donne à l’économie des airs de voyance, des voix commencent à se faire entendre pour nous annoncer l’apparition d’une bulle qui ne pourrait qu’exploser. C’est possible et plausible si l’on se réfère au phénomène des subprimes.
C’est oublier, malgré tout, que les cours boursiers ne sont pas seulement déterminés par les évènements passés, mais aussi par les perspectives qui s’offrent à l’économie. Or les carnets de commandes sont pleins, limités seulement par la pénurie de main-d’œuvre. Pas seulement en France : songeons seulement à l’achat de 500 avions par Air India. Des centaines de milliers d’heures de travail pour Airbus et Boeing.
Hors de toutes considérations morales, mais comment ne pas y penser, le basculement possible de nos pays vers une économie de guerre leur garantit un niveau d’activité appréciable.
Alors, circulez, il n’y a rien à voir ? Certainement pas. Des mouvements erratiques peuvent dégénérer. Il suffirait que l’inflation s’aggrave. En conséquence les banques centrales resserreraient les cordons du crédit. Et le cercle vertueux se transformerait en cercle vicieux. Pour le moment la Bourse reste optimiste. Faisons avec.
Patrice Chabanet