Champ’Yonne : la Haute-Marne s’appuie sur le champignon
L’ex-usine SMP de Chevillon abrite désormais un ambitieux projet de culture de champignons. La production commence. Les premiers emplois sont pourvus. Beaucoup d’autres pourraient suivre. (JHM du 19 décembre 2017).Pleuroticulteur ! Le métier – qui consiste à cultiver des pleurotes – est rare. Sauf à connaître et apprécier la pleurote, champignon comestible goûteux, excellent pour la santé, rare sont les Haut-Marnais à savoir qu’une entreprise spécialisée dans la pleurote vient de s’implanter à Chevillon. Paradoxalement – pas tant que cela, l’entreprise s’appelle Champ’Yonne parce que longtemps, Gontran Derly, Philippe Tieche et Michel Legros ont cru s’implanter dans l’Yonne. Pour des raisons qui n’ont rien à voir avec l’économie, le projet a échoué là-bas. Pour des raisons qui ont tout à voir avec la synergie des Haut-Marnais (lire encadré “Ils ont fait le job”) les trois compères ont été séduits par la Haute-Marne. Haute-Marne Expansion, service cofinancé par le GIP et la CCI, a vent de ce projet l’an dernier. Hubert Luchier fait visiter plusieurs sites à Michel Legros, Gontran Derly et Philippe Tieche. Ils tombent sous le charme de l’ex usine de Salzgitter Mannesmann Précision (SMP) : 15 000 m² couverts notamment de brique creuse et de verre : l’idéal pour laisser passer la lumière et conserver l’hygrométrie. Car Philippe Tieche, citoyen helvète de son état, est surtout une pointure internationale des champignons et de leur culture. Il valide. C’est parti. Une incroyable chaîne de compétence se déploie autour du projet. Le business plan est limité volontairement aux seuls investissements initiaux : ce sera la pleurote pour commencer. D’autres suivront.
Il faut des étagères, légères, solides sur lesquelles 3 étages de “sacs” seront disposés. Leur fabrication est confiée à l’entreprise bragarde Sede Sedacier. Elles sont réalisées en fer à béton.
Les sacs noirs, plastifiés, percés, protègent un substrat contenant du mycélium. Deux premiers emplois ont été créés. À terme, si tout se passe bien, l’effectif sur le site pourrait dépasser largement les 100 personnes !
Alors que seules les premières rangées d’étagères ont été disposées, déjà les premiers champignons sont partis pour Rungis !
Une fusée à deux étages
Champ’YonneLa première phase vient de démarrer. Il s’agit de produire du champignon dit supérieur, de type pleurote et shiitaké. En fin de cycle, le substrat contenu dans les sacs servira de compost pour l’horticulture ou l’agriculture. La deuxième phase, ou second étage de la fusée, est envisagée dans 18 mois ; il s’agira de créer entre 14 à 18 cellules ultramodernes de production de champignon de Paris, comme jadis à Savonnière en Perthois. Ces cellules sont fort onéreuses ; l’investissement pourrait atteindre entre 2 et 3 millions d’euros !