Y’a pas d’âge… – L’édito de Christophe Bonnefoy
Y’a pas d’âge pour être en colère. Et ça va être particulièrement vrai cette semaine, lorsqu’Elisabeth Borne va préciser les contours de la réforme des retraites. Si, à cet instant T, on ne peut par définition pas préjuger du contenu exact, il faut bien avouer que nombre de jalons ont été posés, ne serait-ce que pour arriver à mesurer la réaction des syndicats.
Et c’est justement… une histoire d’âge qui pourrait confirmer la propension bien française à sortir de ses gonds, qu’on ait 20 ans ou qu’on s’approche de ces années d’un repos forcément mérité.
Un âge légal, qu’Emmanuel Macron nous avait vendu à 65 ans pendant la campagne. Et qui pourrait être ramené à 64, histoire de dire qu’on a mis un peu d’eau dans son vin. La bonne volonté qui pourrait calmer tout le monde. En théorie. La CFDT, par exemple, est vent debout et donne l’impression qu’elle prépare déjà de futurs mouvements sociaux qu’elle espère massifs. Tentative de dernière minute pour faire plier le gouvernement ? Il n’est pourtant pas impossible – et même probable – que la Première ministre ait déjà pris sa décision. Quoi qu’il en coûte, pour reprendre une expression propre au chef de l’État, mais là, de manière plus imagée.
Elle semble ainsi ne pas vouloir céder sur ce point, à peu près certaine qu’elle pourra sans doute compter au Parlement sur les Républicains. Ces derniers ne peuvent pas, demain, aller à l’opposé de ce qu’ils préconisaient hier. Ou comment, lorsqu’on est dans l’opposition, devenir par obligation allié de ceux que l’on combat…
Alors non, il n’y a pas d’âge pour affirmer sa colère. Les Français sont très majoritairement contre ce point central de report de l’âge légal, quand bien même d’autres modalités de la réforme seraient aménagées pour mieux faire passer la pilule. Et en ces temps de crise, il n’est peut-être rien de plus dangereux – pour le gouvernement – qu’une colère qui vient s’alimenter, pas seulement dans le refus d’une seule réforme, si essentielle soit-elle, mais plus largement dans tout ce qui mine le quotidien depuis des mois. Pouvoir d’achat en tête.