Willy Sagnol : « allez au bout »
Alors que certains joueurs et en particulier Zinédine Zidane préfèrent éviter les “confrontations” avec les médias, d’autres, comme Willy Sagnol, sont des habitués des conférences de presse. Hier, le Français a confirmé qu’il avait des choses à dire même si ses déclarations ne font pas plaisir à tout le monde…
Même s’il reste attaché à la France, Willy Sagnol, le défenseur latéral des Bleus, joue depuis cinq ans en Allemagne, au Bayern Munich où il se sent «chez moi (lui)». Demain, sur sa terre d’adoption, Willy Sagnol disputera la finale de la Coupe du Monde mais il ne veut pas que l’émotion «prenne le dessus.» Si le Bavarois et les Bleus ont fait front, contre vents et marées, c’est pour aller au bout et faire taire leurs détracteurs.
Alors que la finale n’est plus très loin, quelle est l’ambiance au sein du groupe ?
Willy Sagnol : «L’ambiance est la même que le 8 juin, date de notre arrivée. Les bonnes performances de ces derniers jours facilitent certaines choses. Il y a moins d’éventuelles prises de tête sur la maniè- re de jouer. On a trouvé la bonne formule, il faut que cela dure encore un match.»
Selon vous à quel moment s’est produit le déclic ?
W. S. : «Lors du match face au Togo, même s’il a été difficile à aborder. Finalement, il nous a libéré de pleins de choses dont le spectre de la dernière Coupe du Monde. Nous n’avions pas peur d’être éliminés mais nous avions peur de ne pas arriver à donner le meilleur de nous-mêmes.»
Quelle est la force de cette équipe de France ?
W. S. : «Nous arrivons à reproduire sur le terrain notre façon de vivre ensemble. Cet esprit de corps, ce respect des uns envers les autres est très important.»
Quel a été le rôle du sélectionneur ?
W. S. : «Il nous a soutenu et nous a fait confiance jusqu’au bout. Nous avons la chance d’avoir un sélectionneur qui nous a mis en face de nos responsabilités. Il nous a donné certaines clés mais il nous a laissé maîtres de nos destins.»
Certains, dont Michel Platini, trouve que la France n’a pas un jeu spectaculaire, quel est votre avis ?
W. S. : «Si on est vraiment observateur de football, on ne peut que saluer le jeu de la France et de l’Italie d’ailleurs. La France n’a pas une défense de fer, elle a un bloc défensif très performant et le rôle de “Zizou” et de Thierry Henry n’est pas assez souligné. Ils font un travail énorme et cela coûte peut-être quelques actions individuelles. “Titi” (Henry) ne pourrait pas jouer tout le temps de cette façon mais sur une période plus courte, il sait le faire pour le bien de l’équipe. Quant à Michel Platini, il a été numéro 10 avec les Bleus à une époque où le foot était différent d’aujourd’hui. Le football évolue avec les époques. Le plus important, c’est d’aller au bout.»
Après le match face au Portugal, vous avez craqué…
W. S. : «Ces dernières semaines, beaucoup de choses se sont passées. Il ne faut pas oublier ce qui a été dit et écrit il y a quelques jours ici même. Je n’ai pas envie d’en parler, mais il y avait, après le match face au Portugal, une grosse charge d’émotion.»
L’émotion sera encore présente dimanche. Vous jouez en Allemagne et vous allez disputer une finale de Coupe du Monde à Berlin, ce n’est pas banal…
W. S. : «C’est vrai que je me sens chez moi, ici, et que cela va représenter beaucoup de choses pour moi, mais je n’ai pas envie que cela prenne le dessus et que cela m’empêche de faire un bon match.»
Un mot sur l’Italie ?
W. S. : «C’est un bloc très compact qui va nous poser des difficultés. Je ne pense pas que les Italiens vont effectuer un marquage plus serré. Ils ne vont pas changer leur façon de jouer.»
N’avez-vous pas peur d’une certaine crispation de l’équipe de France au moment du coup d’envoi ?
W. S. : «On a vécu des éliminatoires difficiles, le 1er tour de la Coupe du Monde l’a été également, il ne doit pas y avoir de la crispation, ce serait le meilleur moyen de passer à côté. Nous devons être heureux d’être là et être très motivés.»
Et si la victoire est au bout ?
W. S. : «Si on gagne, on partagera cela avec ceux qui nous ont encouragé et cru en nous depuis le départ. On profitera de cela avec les gens qui nous aiment vraiment…»
Reportage en Allemagne : Yves Tainturier