Western spaghetti – L’édito de Christophe Bonnefoy
Ronald Reagan était acteur. Mais l’ancien Président américain a trouvé ses maîtres en matière de mauvais jeu. Lui qui œuvra, si l’on peut dire, dans l’art de manier le Colt devant les saloons, se serait peut-être dit, dans la nuit de mardi à hier, qu’il assistait à un médiocre western spaghetti.
Le premier débat entre Donald Trump et Joe Biden pour la présidentielle de novembre a tourné au pugilat. Pouvait-il en être autrement ? On connaît la manière de faire du Président républicain. Et son opposant n’a pas été en reste. « Il n’y a rien d’intelligent en vous ». Voilà pour l’un des arguments de Trump envers son challenger. « Will you shut up, man » (« Mais tu vas la fermer, mec ! »). L’une des réponses de son adversaire. Pour le coup, ceux qui avaient eu le courage, en France, d’interrompre leur douce nuit pour se faire une idée des programmes des deux hommes, auront sans doute préféré zapper sur Netflix ou revoir le énième épisode d’une série américaine. Toujours moins mauvais que ce combat de coqs.
On a en effet très peu parlé projets pour les Etats-Unis. Le but de la manœuvre était principalement d’insulter, de couper la parole, voire, et c’est encore plus inquiétant, de remettre en cause le prochain scrutin avant même qu’il n’ait eu lieu. Acculé, Trump voit ainsi en une possible défaite le résultat d’un vote a priori truqué. Bonjour l’ambiance. Et ça augure d’une suite de campagne qui ressemblera peu ou prou à une vulgaire bagarre de cour d’école. Problème : l’enjeu n’est pas de faire le petit chef à la récréation, mais de diriger la première puissance mondiale.