Nucléaire : Vol de matériel à la Bamas, un incident en deux temps
NUCLÉAIRE. Didier Brillon, le directeur de la Base de maintenance (Bamas) EDF, revient sur le vol de matériel survenu à la mi-novembre sur son site, avec à la fois une contamination de palette et un vol. S’il déplore les faits, il compte bien se servir de l’incident pour accentuer les contrôles.
Samedi 9 décembre dans nos colonnes, nous évoquions un vol de matériel survenu à la mi-novembre à la Base de maintenance (Bamas) EDF de Saint-Dizier. Un vol de combinaisons de protection et de gants à usage unique, commis par deux hommes de 25 et 27 ans qui travaillaient sur site. Travaillaient, car les deux auteurs présumés des faits, salariés de Dalkia EN, filiale d’EDF, qui seront convoqués devant le tribunal correctionnel le 13 février 2024 pour abus de confiance, ont été licenciés.
EDF et Dalkia EN
Si EDF est propriétaire des murs et exploitant de la Bamas, Dalkia EN est en effet l’opérateur industriel. Sur site, ils ne sont que trois salariés EDF contre une trentaine pour la filiale. Une précision que nous a apportée Didier Brillon, directeur du site depuis le 1er octobre 2021. Pour le responsable, l’année 2023 s’achève sur cette note amère de l’incident en deux temps.
Retour en arrière. Dans le cadre du partenariat existant avec le lycée Blaise-Pascal, et sa filière environnement nucléaire, la Bamas remet régulièrement des combinaisons aux étudiants. « Ils s’entrainent ainsi et simulent des entrées en zone sur leur plateau de formation de radioprotection », indique Didier Brillon. Ce 15 novembre, plusieurs cartons de combinaisons et de gants sont chargés sur une palette métallique, pour être livrés le lendemain au lycée. Sauf que, au moment de sortir du magasin, les radars de détection s’activent, indiquant un point de contamination. Il s’avèrera légèrement supérieur au seuil de 0.4 Bq (becquerel) que fixe EDF, mais in fine, sans risque, comme indiquait samedi 9 décembre dans nos colonnes le procureur de la République Denis Devallois.
« Quand il y a un licenciement, c’est forcément un échec »
La trace infime de contamination sur la palette a été la première alerte pour EDF. « Il y a eu un dysfonctionnement dans le contrôle, ça n’aurait jamais dû sortir en l’état », admet Didier Brillon. « Le portail de sécurité a joué son rôle et décelé la faille. » Le directeur du site a aussitôt prévenu les autorités compétentes, la Dreal et la sous-préfecture en tête. Ce n’est que le lendemain de la sortie des cartons, le 17 novembre, qu’il a constaté le vol et retrouvé ses auteurs présumés, prévenant dans la foulée la police. Plainte a été déposée au commissariat bragard le 21 novembre.
Si le préjudice sanitaire est nul et le préjudice financier, maigre (environ 160 blouses, équivalent à un millier d’euros), le préjudice humain est lourd pour le directeur. « Quand il y a un licenciement, c’est forcément un échec. Ce qui est dommageable, c’est que dès que le portique de sécurité a sonné, ils (les deux individus, ndlr) auraient dû s’arrêter. Ils sont formés, tout le temps, au contrôle, ils savent ce que cela signifie. Pendant une journée et demie, ils savaient qu’il y avait des points de contamination potentielle chez eux, et au lycée. »
En attendant l’audience du mois de février, Didier Brillon, qui doit répondre à des exigences de contrôle encore plus poussées réclamées par la Dreal – « c’est normal, c’est la procédure » – l’assure : « On va étanchéifier encore plus nos procédures, on n’aurait pas dû avoir ce point de contamination, nous allons renforcer. On a un devoir d’exemplarité. »
N. F.
Formés à la Bamas
Si, heureusement, aucune contamination n’a été décelée à l’extérieur, Didier Brillon a un sentiment de gâchis. A propos des auteurs présumés des faits, « ce sont deux jeunes qui ont été formés au lycée, ils sont venus en stage chez nous, ont été intérimaires, puis ont signé un contrat. Ils répétaient leurs gammes de contrôle tout le temps ici, je ne comprends pas… Ils avaient leur avenir devant eux ici », déplore encore le directeur de la Bamas.