Vivre avec – L’édito de Christophe Bonnefoy
L’histoire a commencé par « Nous sommes en guerre ». Elle se poursuit avec un laconique et très vague « Il faut apprendre à vivre avec ». Voilà qui résume, presque entièrement, cette dernière année.
« Nous sommes en guerre ». Une guerre qui, par définition, est faite de victoires et de défaites. Face à un mal inconnu, aucune réponse définitive n’aurait pu être satisfaisante. Tout juste pouvait-on apprendre à s’adapter, presque au jour le jour. C’est ce que le gouvernement s’est efforcé de faire. Avec des succès, avec des ratés.
Et les Français, dans tout ça ? Nous apprenons à « vivre avec ». L’édition de ce journal s’efforce de capter vos ressentis, face à cette crise inédite. Et de rapporter, tout simplement, ce qui a changé dans votre quotidien, depuis le premier confinement.
On fait avec. Obligé. Après la sidération, l’angoisse. Après la claque, l’oppressante attente. Le masque, le couvre-feu, l’attestation. Et les dégâts, sanitaires, économiques et psychologiques. Puis le vaccin. Les vaccins. Ils devaient signer la fin du cauchemar. On en est loin. Au point qu’AstraZeneca, par exemple, est passé en quelques jours de sauveur à potentiel accélérateur de mal-être. Voire pire.
Une seule chose est sûre. On vit avec. On fait avec. Mais rien ne sera plus jamais comme avant. Confinement à venir ou pas, éradication du virus ou pas, les 365 derniers jours nous auront changés. Certains se seront endurcis. D’autres auront relativisé les difficultés. Beaucoup auront subi de plein fouet la pandémie. Y auront perdu des êtres chers. Et dans tous les cas auront connu des amis, des voisins, des très proches, atteints par le virus. Positifs, comme on dit.
On n’en est pas sorti. Pas encore. Espérons seulement que dans un an, on pourra vous offrir le même numéro, ou presque. Avec un autre titre. « Enfin ! ».