Vitraux de l’église de Saint-Thiébault : une restauration dans les règles de l’art
Patrimoine. La restauration de vitraux est une tâche de longue haleine. Exemple à l’église de Saint-Thiébault, près de Bourmont, où Olivier Chazot et Pascaline Bonnet sont à pied d’œuvre.
Des plombs vétustes parfois cassés, l’affaissement de certains panneaux, des pièces de verre cassées voire manquantes… Datant de 1898, ces vitraux avaient grand besoin de faire peau neuve. La pose de la baie 1, fraîchement restaurée, touche à sa fin. Reste encore la baie 0 et la baie 2 à remettre en place.
La durée de vie d’un vitrail est de 100 à 150 ans. Une réflexion a d’abord été entreprise afin de choisir les bons matériaux pour que la longévité de ces œuvres soit prolongée.
Le chantier étape par étape
Différentes étapes ont été nécessaires pour mener ce chantier dans les règles de l’art. Il a fallu par exemple relever l’ensemble des cotations, les points fragiles du vitrail, l’état de la métallerie composée des barlotières (1), des vergettes (2), le maintien de la grisaille (3), entre autres. A l’atelier, dans une démarche écologique, les vitraux ont été nettoyés à l’eau claire non potable et avec des produits biodégradables.
Dans la foulée a eu lieu la réalisation d’un poncif ou frottis (4). Le travail nécessite de la minutie pour nettoyer les vitraux, remplacer les morceaux manquants, et remonter l’ensemble. Il faut de la technique mais aussi respecter un cahier des charges. Ainsi c’est une colle silicone accréditée par les Monuments historiques qui a été utilisée pour recoller les morceaux de vitraux fendus.
Toujours dans une optique de prolonger la longévité des vitraux, des bavettes d’écoulement de plombs ont été posées à la base des panneaux afin d’éviter toutes coulures et accumulation de condensat d’eau sur les murs intérieurs (qui, auparavant, a dégradé les fresques présentes sous les baies).
Pour finir, les grillages extérieurs et leurs fixations ont été remplacés, dans des matières non oxydables afin de leur garantir une plus grande durée de vie et de ne pas endommager le bâtiment. Des traverses ont été ajoutées sur ce grillage de manière à éviter les mouvements dus au vent. En parallèle du travail des deux artisans, il faut saluer l’implication des agents communaux qui se sont chargés de nettoyer les vergettes à la brosse métallique et de les peindre.
De notre correspondante Laure Hathier
Un métier rare, un métier d’art
Après une vingtaine d’années d’expérience dans le milieu du vitrail, Olivier Chazot a créé l’Atelier Chazot/Art’Corpus installé à Buxières-sous-les-Côtes (Meuse) qui est une corporation d’artistes et d’artisans exerçant dans l’art du vitrail, l’ébénisterie et la ferronnerie.
Mêlant passion et savoir-faire, l’artisan met un point d’honneur à conserver le patrimoine existant, réparant parfois les erreurs du passé, en appliquant la Charte de Venise – qui encadre et fixe les règles de conservation et de restauration des monuments et des sites – et le “manuel de conservation, restauration et création des vitraux” rédigé par les Monuments historiques, il est également membre de l’Araap (Association des restaurateurs d’art et artisans du patrimoine). C’est donc dans les règles de l’art que l’atelier œuvre pour la conservation et l’embellissement des trésors présents sur nos territoires.
Le choix des matériaux compte aussi, ils sont issus d’industries locales en grande partie. Les verres nouveaux, utilisés pour les pièces manquantes ou trop endommagées pour être recollées, proviennent quant à eux de la verrerie de Saint-Just, créateur de verre depuis 1826, qui est une des dernières verreries au monde à détenir un savoir-faire ancestral qu’est la fabrication de verres soufflés à la bouche et étirés.