Virage délicat – L’édito de Christophe Bonnefoy
Virage délicat – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le changement, c’est – vraiment – maintenant ? L’expression n’est évidemment pas d’Emmanuel Macron. Et on ne sait que trop, cinq ans après, le sens qu’a finalement revêtu cette phrase martelée par François Hollande en 2012. Quelques belles affaires, notamment, ont carrément plombé un quinquennat qui devait tout bouleverser. Qui devait changer la vie.
Le nouveau chef de l’Etat n’a, en substance, pas dit autre chose pendant ses meetings, en particulier en annonçant une loi de moralisation de la vie publique censée redonner aux Français une confiance totale dans leurs élus. Personne, encore, n’est tombé dans les filets de la Justice. Mais il faut bien avouer qu’au bout de seulement un mois et demi, on a une impression de déjà-vu. Les enquêtes qui menacent plusieurs membres du gouvernement la fichent mal, comme on dit.
Richard Ferrand débarqué pour cause de soupçons dans une affaire immobilière ? Officiellement non. Mais c’est tout comme. Et c’est maintenant au tour de Sylvie Goulard, ministre des Armées, de quitter son poste pour se consacrer à son éventuelle défense dans l’enquête préliminaire qui vise le MoDem. Là non plus, pas poussée vers la porte de sortie. Quoique…
Dans cette ambiance, le remaniement qui se voulait technique après le second tour des législatives devient subitement très politique, pour ne pas dire stratégique. Et même à haut risque. Les yeux se tournent immanquablement depuis hier vers le chef du parti centriste et porteur du projet de loi sur la moralisation de la vie publique, le garde des Sceaux François Bayrou. Mais aussi la ministre des Affaires européennes, membre du MoDem, Marielle de Sarnez. Déjà un premier virage très délicat à négocier pour Emmanuel Macron, entre autres en terme d’image au regard d’une opinion publique extrêmement défiante.