Villegusien : la lune de miel est finie
Le conseil municipal de Villegusien-le-Lac est déchiré. La majorité est éclatée. Les uns reprochent au maire un exercice du pouvoir autocratique quand cette dernière souligne le manque d’investissement de ses détracteurs.
Le conseil municipal du 9 mars restera comme celui qui a fait éclater au grand jour l’ambiance délétère qui règne au sein de la municipalité de Villegusien-le-Lac. Ce soir-là, le budget primitif 2022 n’a pas été adopté. Dix élus ont voté contre face à neuf conseillers dont le maire. La commune est donc dans une situation de blocage financier. Ces dix conseillers ont souhaité faire un coup d’éclat, en tout cas marquer les esprits afin que chacun prenne la mesure de la situation. Car la lune de miel d’après les élections est finie, le mariage consommé. Ceux qui mènent la fronde sont issus, en majorité, de la liste portée par le maire, Magali Cartagena. Que ce soit le maire délégué de Villegusien, Bruno Gerbet, le maire-délégué de Piépape, Lambert Cothenet mais également des conseillers comme Marie-André Seguin (Prangey) ou Jean-Michel Camus (Heuilley-Cotton) tous se sont retrouvés autour d’une déception. « On n’a rien fait de notre programme inscrit dans notre profession de foi. Avant les élections, on était tous d’accord pour que le maire s’appuie sur ses conseillers. On s’est senti délaissé. Et pourtant cette liste était prometteuse car il y a des gens avec des compétences », constate Bruno Gerbet.
« C’est de la critique permanente sans jamais rien proposer »
Cette situation s’envenime au fil du temps. Une première conseillère a démissionné. Guy Cuenin a fait de même et il vient d’être remplacé lors du conseil municipal de mardi 22 mars. Ce dernier a rédigé un courrier distribué aux habitants pour expliquer sa démarche, courrier jugé diffamant par le maire qui a entamé une procédure. Les portes du secrétariat de la mairie de Villegusien leur sont fermées. Ce que l’on reproche à Magali Cartagena c’est une méthode de travail « autocratique » et « sans partage ».
Depuis peu, ces élus ont peu goûté de voir les permanences du samedi leur être retirées. « Elle a considéré que c’était des réunions de l’opposition, que c’était un conseil municipal de l’opposition. Elle est persuadée que l’on ne fait que critiquer la municipalité pendant ces permanences alors que c’était des moments d’échanges parfois riches », assure Lambert Cothenet. Ce point n’est pas contesté par Magali Cartagena. « Tout est parti lorsque j’ai décidé que la secrétaire de mairie ne viendrait pas le samedi pour ces permanences. S’ils veulent venir à la mairie qu’ils viennent en semaine », déclare le maire. « Certains pensaient avant les élections qu’ils pourraient diriger la mairie par derrière. Mais Magali ne s’est pas laissée commander », explique Joël Demange, maire-délégué d’Heuilley-Cotton. « Ils font de la petite politique, c’est de la critique permanente sans jamais rien proposer. Ils feraient mieux de venir travailler et d’arrêter de me faire perdre mon temps », lâche le maire.
Le passif entre les “frondeurs” et le maire s’accumule au fil du temps. Les torts semblent aussi partagés. Le mandat va être long dans cette ambiance délétère. Quant au budget, il sera représenté le 6 avril, « on verra alors si c’est de l’opposition contre Magali », estime Joël Demange.
Philippe Lagler
p.lagler@jhm.fr