[actualisé] « Si j’arrive au bureau en disant que j’ai vu un chamois, je vais passer pour une blonde »
Mardi 15 août, une demoiselle rejoint son lieu de travail à Nogent. Il est 8 h. Soudain, elle croit reconnaître… un chamois, près de l’entreprise Claas. Aussitôt, elle imagine son arrivée au bureau, à témoigner. « On m’aurait pris pour une blonde… ». Bref, la demoiselle préfère vérifier, et, pariant sur la chance, elle espère ramener la preuve qu’elle n’a rien inventé.
« J’étais au niveau de chez Claas, juste avant le Super U ». C’est exactement là, à Nogent, que notre témoin croit reconnaître un chamois, mardi 15 août, vers 8 h. Pour éviter de se faire chahuter en racontant son histoire au travail, et pour rapporter des images à l’appui de son récit, il faut qu’elle en ait le coeur net. D’autant que « sur le coup », c’est « une seconde » qu’elle a vu le drôle d’animal. « Je me suis dit que je pouvais me tromper. Alors j’ai décidé de le suivre ». Voilà comment les Haut-Marnais peuvent voir le fameux chamois – car c’en est bien un – comme s’ils y avaient été le 15 août, de bonne heure.
« Ils suivent l’autoroute »
« On m’a signalé l’animal dans l’après-midi de mardi, en m’envoyant une photo prise le matin ». A l’OFB, Patrice Brenans a aussi relevé que la bête aurait été vue à Chauffourt. Il ne doute pas une seconde qu’on ait affaire à un chamois, et n’a pas du tout le sentiment d’une présence insolite.
« Non, il n’y aucun élevage en Haute-Marne, ni réserve… Depuis vingt ans, on en voit isolément ici. Ils viennent de la population franc-comtoise – Doubs, Jura, Haute-Saône ». Et comment atterrissent-ils en Haute-Marne ? Eh bien… comme nous… enfin presque : « ils suivent l’autoroute ». Patrice Brenans se souvient aussitôt qu’un de ses congénères avait été vu au lac du Der. Qu’un autre « avait été tiré », initiative qui avait valu à l’auteur du tir une réponse judiciaire : « c’est une infraction de 5e classe, on ne peut pas le tuer sans plan de chasse ». Plus avant encore, un spécimen avait été repéré à Choignes. Il y a quelques années, l’OFB demandait à ses agents de les « flécher », explique encore le spécialiste. C’est qu’ « en période de rut, le chamois se rapproche des moutons, et, avec ses cornes, est susceptible de les blesser ». Aujourd’hui, le petit nouveau reste exposé à deux risques : croiser un chasseur et croiser un véhicule.
En tout cas, contrairement à ce que l’on pourrait être tenté de croire, « le chamois n’est pas historiquement lié à la montagne comme le bouquetin ». Si on le laisse tranquille, tant qu’il il ne gêne pas par conséquent, il est bien dans la nature. « Ce n’est pas une apparition insolite ». En revanche, convient Patrice Brenans, les réseaux sociaux font aujourd’hui une telle caisse de résonnance dans ce type de situation que les personnes non averties sont tentées de penser que sa présence est totalement extraordinaire.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr