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Loup en Haute-Marne : les éleveurs ont la boule au ventre

Les attaques de loup se succèdent dans le secteur de Poissons avec près de 10 brebis tuées. Les éleveurs ne cachent plus leur irritation et avouent leur impuissance. Ils se tournent vers l’État qui tarde à prendre de nouvelles dispositions.

En deux semaines, les 2 et 11 octobre, les éleveurs de moutons dans le secteur de Poissons ont été les victimes de quatre attaques de loup. Au total, neuf brebis ont été touchées au cou, tuées et partiellement dépecées.

A Annonville, Noncourt, Brouthières, l’animal rôde dans le secteur depuis le début de l’année. Il avait déjà fait des dégâts au printemps et s’était calmé durant l’été. Il a été aperçu et filmé le 27 juillet dernier et est resté sur le territoire et s’est contenté de petits chevreuils. Aujourd’hui, les chevreuils ont grandi et le loup se retourne vers les moutons.

« Nous ne sommes pas écoutés »

A Noncourt, Philippe Dumay a subi deux attaques pour trois animaux mis à terre. L’éleveur est dépité et n’ose plus rien dire. « De toute façon, nous ne sommes pas écoutés. Nous ne sommes pas suivis ».

Ces mots vont pour les attaques elles-mêmes mais aussi pur les protections normalement mises à disposition par l’État. Pour se protéger du loup, il a reçu cinq poteaux, 250 m de fils et une pile. Bien peu par rapport aux besoins réels. D’autres poteaux et fils ont été commandés sans jamais les recevoir.

Mi-novembre, sa troupe de 100 brebis va rentrer en bergerie et les attaques vont automatiquement disparaître. Mais, Philippe Dumay avoue n’être pas certain de continuer la production d’agneaux. Il note là un paradoxe puisque les prix au kilo payés à l’éleveur sont au plus haut depuis toujours et les consommateurs sont très friands d’agneaux français. La demande est deux fois plus élevée que l’offre.

« Rien ne fonctionne »

Jean-Philippe Bay est également éleveur à Noncourt et, sur cette vague, il a échappé aux attaques pour la bonne raison qu’il a emmené paître ses ovins loin de son village. Mais, il constate que « rien ne fonctionne » pour arrêter le loup. Il donne comme preuve le fait que l’une des attaques s’est déroulée sur une parcelle en cours de protection et qu’un filet électrique était déjà mis en place.

Clairement, l’agriculteur demande que « l’État fasse son job. Les éleveurs n’ont rien demandé. On leur impose le loup. L’État doit les en protéger. S’il y a bien 60 millions d’euros dédiés à l’animal en France, il est temps d’agir et si celui-ci a un comportement déviant, les brigades du loup sont faites pour régler le problème ». Il note, néanmoins, que la DDT agit dans la mesure du possible tout en laissant une question en suspend : « est-ce que le loup et l’élevage à l’extérieur de bâtiments sont compatibles ? »

Frédéric Thévenin

Des constats contestés

Samuel Guenin est le représentant des éleveurs ovins à la FDSEA. Il raconte « la boule au ventre des éleveurs » qui, chaque jour, craignent une attaque de loup et la mort de brebis. Et alors qu’au printemps le Préfet avait été très réactif, il attend, depuis 4 jours, une réponse à ses interrogations.

Parmi ces dernières, il est question des constatations des agents de l’Office français de la biodiversité. Sur plusieurs animaux, ils ont estimé que la mort datait de plus de 72 heures. Du coup, elle n’entre pas dans les comptes de prédation. Les chiffres pourraient ainsi être minorés ? Autre conséquence : les brebis mortes ne sont pas indemnisées. Samuel Guenin se demande alors si les 72 h ne sont pas qu’un prétexte.

Réseau de sentinelles

En attendant, sur l’ensemble du département, 15 exploitants ont constitué « une sentinelle » après une première formation. L’idée est de faire tourner les infos au sein du réseau en temps réel, d’avertir l’ensemble des éleveurs et, justement, de repérer les brebis tuées avant ces fameux 72 h.

Mais, Samuel Guenin espère, à très courte échéance, l’autorisation de tirs de défenses en cas s’attaque. Pour lui, « concilier élevage et présence du loup est impossible ». De plus, il trouve complètement incongru qu’il soit demandé à celui qui est attaqué de prendre des dispositions contre le loup avec peu de moyens.

En attendant, aujourd’hui, partout en France, des manifestations d’éleveurs auront lieu devant les Préfectures pour exprimer leur colère. La plus proche a eu lieu à Dijon.

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