Vers une orientation choisie et non subie
Formation. Ce mercredi 9 mars, le réseau Canopé a accueilli « l’hackathon de l’orientation ». Une cinquantaine de cadres issus de 23 établissements scolaires du département ont participé à des ateliers pour réfléchir à comment lutter contre les déterminismes sociaux et de genre.
« Nous avons un après-midi pour discuter sur les déterminismes sociaux et de genre qui pèsent sur l’orientation scolaire », soutient lors du discours d’ouverture de l’hackathon de l’orientation le recteur de l’académie de Reims, Olivier Brandouy.
Pour parvenir à cet objectif, une cinquantaine de cadre issus de 23 établissements scolaires de Haute-Marne se sont retrouvés dans les locaux du réseau Canopé. Parmi eux se trouvent des chefs d’établissement de collège, de lycée général et professionnel, mais aussi des inspecteurs et des directeurs de centre d’information et d’orientation.
Répartis en six groupes, ils ont passé un après-midi à émettre des idées et des suggestions pour trouver des manières pour lutter contre les orientations subies à cause de conditions sociales ou de genre à travers différents ateliers. « Je veux mettre un peu d’horizontalité dans une un système vertical », revendique le recteur.
Choix ou reproduction sociale
L’objectif est également de faire « un travail d’accompagnement et de dialogue sur comment un chef d’établissement accompagne les professeurs pour qu’ils puissent guider leurs élèves dans leur choix d’avenir. L’orientation, ce n’est pas que renvoyer les élèves vers l’Onisep. Les professeurs de français, mathématiques et autres ont la connaissance des élèves », soulignent Brigitte Courbet-Manet, responsable de Canopé Grand Est.
« Nous sommes dans une académie dans laquelle il y a beaucoup de difficultés sociales. Nous comptons trente réseaux d’éducation prioritaire. Dans l’académie de Dijon, il y en a deux fois moins alors qu’il y a plus d’élèves », souligne le recteur. Il poursuit : « L’académie de Reims (à laquelle est rattachée la Haute-Marne, ndlr) est l’une des académies où les élèves vont le plus vers la voie professionnelle, avec un taux de 38 %. Si c’est une orientation choisie, j’en suis heureux. Si c’est la manifestation d’une reproduction sociale je ne peux pas m’en satisfaire ».
« Nous sortons de nos codes »
Pour parvenir à des solutions, les participants ont commencé par piocher des lettres pour chercher des mots en rapport avec une problématique. Chaque table avait un sujet en rapport avec les inégalités sociales ou de sexe. Ensuite, les participants ont répondu à six questions, notamment « Que savez-vous de cette situation problématique ? », « Quelles sont les solutions déjà envisagées ou essayées ? » ou encore « Qu’est-ce que cela changerait si le problème était résolu ? ».
A l’exercice suivant, les participants sont partis d’un problème et ont répondu aux questions « qui, quoi, comment, où, quand, pourquoi et pour qui ». Pour le dernier atelier, ils ont cherché la source du problème en répondant à cinq reprises à « Pourquoi ? ». Quand tout était terminé, les groupes ont échangé entre eux pour rendre des propositions d’actions sur la réduction des inégalités de genre et sociales dans l’orientation.
« Nous faisons un pas de côté, nous sortons de nos codes pour être en mode créativité et intelligence collective », soutient Olivier Brandouy. Dans d’autres villes de l’académie, des hackathons ont déjà fait émerger de nouvelles manières d’aborder l’orientation pour réduire les inégalités. Dans le cas des disparités en raison du genre, il a été proposé d’interroger ces stéréotypes lors des semaines de l’orientation en faisant venir une plombière ou un infirmier pour présenter leurs métiers.
Julia Guinamard
Un hackathon… un quoi ?
Issu de monde de l’informatique, le terme d’ »hackathon » vient de la contraction des mots « hack » et « marathon ». Un « hack » désigne le fait de trouver une solution rapide pour contourner un problème lors de l’écriture d’un programme. Quant à « marathon » il est utilisé dans son sens figuré, pour désigner un effort important dans la durée.
En restant dans l’univers de l’informatique, un hackathon se réfère à un marathon de programmation. Concrètement, pendant un tel événement des groupes de développeurs se réunissent afin de travailler sur des projets de programmation informatique de manière collaborative.
Dans le cas de l’atelier organisé à Canopé, le choix du terme « hackathon » a été choisi pour l’aspect de travail collaboratif. En effet, les participants ont mutualisé leurs réflexions et ont fait du remue-méninge afin de trouver des solutions pour réduire les discriminations sociales et de genre lors de l’orientation des élèves.