Vers d’autres cieux – L’édito de Christophe Bonnefoy
Si la politique n’est assurément pas une maladie, elle est indéniablement une drogue. Demandez plutôt à Manuel Valls. Après avoir endossé le costume de Premier ministre – français, ça a son importance – il a bien malgré lui pris les traits d’une sorte de fantôme dont on ne savait plus réellement s’il reviendrait un jour sur le devant de la scène. Inaudible souvent, invisible même, il aura, lui aussi, fait les frais de l’arrivée en grande pompe d’Emmanuel Macron à l’Elysée. Triste destin pour celui dont la route semblait toute tracée. A ses yeux du moins.
Comment, dès lors, arriver à ressusciter au sein d’une classe politique qui ne sait plus qui elle est, presque tous bords confondus ? En allant voir ailleurs si l’herbe est plus verte, pardi ! Mais où ? En Espagne, évidemment ! De père catalan et de mère italo-suisse, voilà donc Manuel Valls en quête d’un nouveau défi. Ça sera Barcelone. Il en a le droit, depuis ce fameux traité de Maastricht qui autorise effectivement un ressortissant européen à briguer un mandat local dans l’un des pays de l’Union. Manuel Valls est loin d’avoir partie gagnée, mais on sait très bien qu’en politique, tout peut changer très vite. Emmanuel Macron pourrait lui donner quelques conseils à ce sujet.
De notre côté de la frontière, on ne peut pas dire que ce départ annoncé redore le blason de l’ancien Premier ministre. Ça ne le perturbera pas outre mesure, pour le coup. Mais un peu plus gênant, il contribue aussi à alimenter l’habituelle défiance des Français vis-à-vis du monde politique. Ce qui pourrait se traduire par une pensée pleine de bon sens, finalement : “Comment croire aux grands discours, quand à la première déception amoureuse, celui qui les a prononcés file voir ailleurs”…