Vers dans des Pitch : des analyses accompagnées de cadeaux
Deux personnes sont tombées malades après avoir mangé des briochettes Pitch contenant des vers. Si les résultats d’analyse transmis ce lundi 4 septembre n’apportent guère de réponses, Brioche Pasquier offre des cadeaux. De quoi faire sourciller l’UFC que choisir.
Suite à la publication de plusieurs articles concernant des vers retrouvés dans des goûters Pitch, d’abord dans jhm quotidien, puis dans Le Bien Public ou encore Ouest France, Brioche Pasquier a pris contact à plusieurs reprises avec les « victimes ». Pour rappel, une Chaumontaise de 19 ans et un Dijonnais de 5 ans ont présenté des symptômes de gastros plus ou moins sévères après avoir ingéré des Pitchs contenant des vers.
L’entreprise d’agroalimentaire leur a ainsi offert des Pitch et des goodies, tout en proposant une visite d’usine, à Charancieu, en Isère, là où sont produits les briochettes. D’autre part, elle a également proposé d’indemniser la Chaumontaise du délai de carence de l’assurance maladie dans le cadre de son arrêt de travail.
Brioche Pasquier a également réalisé des analyses sur des produits renvoyés par les Chaumontais. Les résultats ont été transmis ce lundi 4 septembre. « Je n’ai pas vraiment compris l’aboutissement des analyses. Ce n’est pas très clair. Brioche Pasquier m’a dit que j’aurai des explications lors de la visite d’usine », indique la maman du petit Dijonnais.
Réalisées par l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), les analyses se sont penchées sur la présence « d’arthropode ou trace d’activité d’arthropode ». A l’antenne chaumontaise de l’UFC que choisir, qui a suivi l’affaire, ce choix d’objet d’analyses ne convainc pas. Pour les bénévoles de l’association de consommateurs, elles auraient dû aller plus loin.
« Les industriels achètent le silence »
« Sur les vidéos, on a l’impression de voir des vers farines, qui sont inoffensifs et même utilisés dans l’alimentation végétarienne. Les causes de ces indigestions se trouvent probablement dans les préparations. Le développement des vers n’en serait qu’une conséquence », estime Jean-Paul Pierron, président de l’antenne chaumontaise UFC-Que choisir.
De son côté, l’Anses admet : « L’analyse a été réalisée sur des petits pains Pitch soumis par la société Brioche Pasquier. Dans les sachets envoyés, aucune trace d’arthropode ou d’activité d’arthropode n’a été trouvée. Néanmoins, le fait qu’il n’y ait pas de traces dans ce lot ne signifie pas qu’il n’y a pas d’autres cas ».
Par ailleurs, l’UFC que choisir se désole des propositions de visites et de l’envoi de goodies. « On leur a offert des Pitch, un voyage d’une journée et il y aura peut-être un peu d’argent en dédommagement… et voilà. Les industriels achètent le silence. C’est un fonctionnement qu’on retrouve dans de nombreux secteurs d’activités, autres que l’agroalimentaire », déclare Jean-Paul Pierron.
Les chaumontais ont visité l’usine le vendredi 1er septembre. Un taxi les a emmenés à Dijon, où ils ont pris un train jusqu’à Lyon, avant de reprendre un taxi jusqu’en Isère. Du côté de la famille dijonnaise, la mère est professeure de robotique. Elle profitera de cette malheureuse occasion pour organiser une sortie scolaire à l’usine de Brioche Pasquier.
Sollicitée à plusieurs reprises, la société Brioche Pasquier n’a pas répondu aux demandes d’interview de jhm quotidien.
Julia Guinamard
Informations sur le produit de Manon Dhaussy, briochettes au chocolat Pitch de Brioche Pasquier, lot numéro L010628A1, date de fabrication le 20 juillet 2023 et date limite d’utilisation optimale le 18 août 2023.
Pas d’enquête sur les Pitch sans plainte
Pour pouvoir espérer diligenter une enquête, l’association de consommateur fait face à un obstacle, un dépôt de plainte est nécessaire. Pour les victimes cela peut être intimidant, d’autant que dans que dans ce cas les preuves sont minces, pour ne pas dire inexistantes. Aucune ordonnance permet de faire le lien entre l’ingestion de Pitch et les symptômes et tous les produits ont été renvoyés ou jetés. Les vidéos prises par les victimes restent les seules preuves.
« Il n’y a plus moyen de faire d’autres analyses indépendantes. Dans un ce type de cas, on conseille de couper le produit en deux et d’en envoyer que la moitié pour se donner la possibilité de faire d’autres analyses. »
Pour rappel, Manon Dhaussy est tombée malade deux fois après avoir mangé des Pitchs. La première fois, elle a vu un médecin sans remarquer la présence de vers. C’est uniquement la seconde fois, qu’elle les a remarqués. Sa mère contacte immédiatement Brioche Pasquier qui les a orientés vers un médecin travaillant avec eux. Lors de cette consultation, qui s’est déroulée en visio-conférence, le médecin a soutenu qu’il n’y avait pas de lien entre les Pitch et ses symptômes. Un diagnostic qui ne convainc peu l’UFC que choisir qui aurait aimé l’avis d’un médecin indépendant.
