Verdun-sur-le-Dniepr – L’édito de Patrice Chabanet
La guerre d’Ukraine présente tous les stigmates d’un long conflit. Les forces s’épuisent, les hommes et le matériel s’usent. Les combats furieux pour la prise de Soledar le prouvent une nouvelle fois. Les Russes et leurs alliés de la milice Wagner crient victoire. Les Ukrainiens démentent mais reconnaissent une situation « difficile ». A l’évidence, pour la première fois, on assiste à un rééquilibrage des forces en présence. En d’autres termes se profile une logique comme celle qui a prévalu à Verdun, une guerre de position, d’attrition comme l’expliquent les spécialistes.
Une autre comparaison s’impose, celle de la guerre germano-soviétique en 1941. Au début, l’armée soviétique a été défoncée. Mais après Stalingrad, elle a remonté le courant. La fourniture d’un important matériel américain explique ce retournement de situation. Mais l’arme la plus décisive a été celle du nombre. Des millions d’hommes ont été enrôlés. Un surcroît de puissance qui a trouvé son apogée avec l’utilisation de 40 000 pièces d’artillerie pour la prise de Berlin. L’Histoire ne se répète pas, dit-on. Mais la montée en puissance des Russes en Ukraine devient un sujet de « préoccupation ».
Les Occidentaux sont désormais au pied du mur. Soit ils aident massivement – et rapidement – les Ukrainiens à contenir les assauts d’une armée qui fait peu de cas de ses propres hommes. Soit ils se contentent du maintien d’une ligne de front dans son état actuel, ce qui équivaudrait à une défaite en rase campagne. Tout va se jouer dans les prochains jours. Pour le meilleur ou pour le pire. Les Occidentaux, à commencer par les Américains et les Européens, ne peuvent rester longtemps dans une zone grise au moment où il faut choisir entre le noir et le blanc.