Valeurs sportives – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’est un grand jour. On a en tout cas envie d’en faire un événement bien plus fort que la reprise de notre bonne vieille Ligue 1. Ce samedi matin, les Bleues tenteront de se qualifier pour une demi-finale de coupe du monde de football. Elles affronteront l’équipe d’Australie, sur ses terres. Puis, en cas de succès, pourront commencer à rêver d’une chose un peu folle. Qu’on était loin d’imaginer en début de compétition : un titre planétaire. Mais ne vendons pas la peau de l’ours. Ne jamais mettre la charrue… etc etc…
D’autant que les Françaises partent de loin. Après une rupture difficile mais provoquée, donc voulue, avec leur sélectionneuse Corinne Diacre, les “filles” d’Hervé Renard auraient largement été pardonnées si elles n’avaient pas été prêtes pour le Mondial. Reconstruction oblige. Elles sont pourtant là ! Comme libérées.
Quoi ? Comment ? Le football féminin ne mérite pas qu’on s’y intéresse ? Techniquement faiblard par rapport aux hommes ? Moins gracieux, moins excitant, anecdotique, même, du point de vue de supporters ne jurant que par une discipline conjugée au masculin ?
Grand bien leur fasse. Les Bleues, elles, au moins, semblent ne jouer que pour la beauté du sport. Elles y sont de toute façon obligées, elles sont loin, financièrement, d’atteindre l’indécence des salaires de Mbappé, Neymar ou Messi.
Mbappé, justement. Quand on vous dit qu’on préférera placer ce week-end sous le charme des Bleues… Le petit jeu ridicule auquel se livrent le PSG et Kylian fait oublier que le football est avant tout un sport. Et qu’on devrait, toujours, courir après la gloire plutôt qu’après les dollars, et uniquement eux. Mbappé n’en reste pas moins un champion. Mais dont le parcours pourrait aujourd’hui se voir ternir par des considérations autres que purement sportives. Dommage. On préférera pour le coup – naïvement peut-être ? – continuer à admirer les filles. Leur abnégation. Leur esprit d’équipe. Et leur envie folle de décrocher le Graal. Pour la beauté du geste.