Vaisselle cassée – L’édito de Patrice Chabanet
Vaisselle cassée – L’édito de Patrice Chabanet
La présidentielle et les législatives ont vraiment cassé la vaisselle politique. La recomposition en cours tient plus d’un recollage poussif que d’une véritable reconstruction. De nouvelles ambitions masquent les cuisantes défaites. Des discours ahurissants réécrivent l’histoire et ravivent la guerre des ego. A droite, c’est Dupont-Aignan qui prône un regroupement qui irait des Républicains au Front national. Il ne faut pas être bien malin pour deviner qu’une telle stratégie ne ferait qu’achever l’implosion latente du parti LR. Les héritiers du gaullisme – ils sont encore nombreux – n’accepteront jamais l’idée d’un rapprochement avec l’extrême droite. Le poids de l’Histoire n’est pas une fiction. Laurent Wauquiez lui-même, bien à droite et fier de l’être, se garde bien de mettre le doigt dans cet engrenage. Il a déjà beaucoup à faire pour assurer un semblant d’unité à un parti écartelé entre une opposition franche et un soutien critique au nouvel exécutif.
Les malheurs de la droite ne font pas pour autant le bonheur de la gauche. Jean-Luc Mélenchon met en scène son voyage à La Réunion pour mieux souligner son absence à la Fête de l’Huma. Il en profite pour allumer Benoît Hamon à qui il reproche encore de lui avoir fait perdre la présidentielle. On refait le match, l’air est connu. Quant à Benoît Hamon, il ne semble toujours pas avoir compris la raclée de la présidentielle. Il crée le « Mouvement du 1er juillet ». L’addiction politique autorise tous les rêves ou toutes les illusions. Seul le PS, laminé dans les derniers scrutins, se garde bien de refaire le monde. C’est peut-être le début de la sagesse.
Le Front national n’échappe pas à la casse générale. L’antagonisme Le Pen-Philippot est chaque jour un peu plus manifeste. Le différend prend un tour cocasse depuis quelques jours. Photo à l’appui sur les réseaux sociaux, des militants frontistes reprochent au numéro 2 du FN d’avoir fait bombance à Strasbourg autour d’un couscous en lieu et place de la traditionnelle choucroute. On ne sait pas si Macron contiendra la vague de contestation qui se dessine dans la rue. Mais, visiblement, ce n’est pas du côté politique que se profile le danger.