Urgence(s) – L’édito de Christophe Bonnefoy
Profitez bien du déconfinement, il a bien failli ne pas devenir réalité le 11 mai et pourrait très vite laisser la place à un nouveau confinement. Autrement dit, on ne le répètera jamais assez, puisqu’on nage encore dans le doute, restez prudents ! Les atermoiements entre le président de la République et son Premier ministre montrent d’ailleurs à quel point rien ne doit être considéré comme acquis. Le premier voulait rouvrir les vannes, le second à peine entrouvrir la porte. C’est dire si les inconnues subsistent encore sur l’attitude à adopter, entre impulsion nécessaire à la relance de l’économie et prudence sanitaire extrême. Et on peut évidemment comprendre qu’il soit impossible d’apporter sur un plateau une solution évidente et définitive.
Ce premier week-end “en liberté” sera celui de nombreux dangers. Les jours suivant, également. Du point de vue sanitaire, bien sûr. Sur le plan économique, encore. Et évidemment pour l’exécutif, de plus en plus. Pendant les premières semaines de confinement, les Français ont été comme assommés. Ils se réveillent, aujourd’hui, avec la gueule de bois. Et réalisent encore un peu plus la fragilité d’une vie. La leur, celle des autres.
Quant au personnel hospitalier – tout comme celui des Ehpad -, il ne s’est jamais plaint depuis deux mois. Au contraire. D’une certaine façon, affaibli lui aussi, il est pourtant allé, parfois, au-delà de ce qui est humainement acceptable. Mais lui également tire ses premières conclusions. Elles sont simples : les soignants sont à bout, ils auront bien du mal à affronter une deuxième vague, si elle survient. Emmanuel Macron, en visite à la Pitié-Salpêtrière, en a fait les frais hier. Il a dû affronter leur colère. Il y a urgence. Et cette fois, les applaudissements quotidiens des Français – et même les primes promises – ne suffiront pas.