Urgences : 100 % des médecins en grève à Langres
Le mouvement de grève déposé par Samu-Urgences de France a été suivi par l’ensemble des médecins urgentistes de l’hôpital de Langres, où le personnel dénonce les dysfonctionnements qui durent depuis « bien trop longtemps ».
Fermeture de lits d’hospitalisation et de services d’accueil des urgences, manque de personnel soignants, disparition de Smur… Les revendications du Samu-Urgences de France dressent un diagnostic sévère de l’état de santé de l’hôpital public. A la tête du service des Urgences de l’hôpital de Langres, Vincent Escudier connaît bien ces problèmes auxquels son équipe et lui font face au quotidien. Et c’est pour cela que le service comptait 100 % de médecins urgentistes en grève lundi 3 juillet. « Les urgences sont là pour accueillir, établir un premier diagnostic et faire les examens complémentaires si nécessaire. Là, nous avons des patients aux urgences qui sont là parce qu’il n’y a plus de lits dans les autres services ou même dans les grands hôpitaux comme Dijon ! De fait, on un fonctionnement prévu pour la gestion d’événements ponctuels de grande tension, comme le Covid, qui devient la norme. Les lits mis en place dans le garage étaient prévus dans ce cadre et on voit ce qu’il advient. En revanche, vaut-il mieux accueillir les patients dans un garage, équipé pour une prise en charge, ou dans un couloir ? »
Et justement, le mouvement de grève des urgentistes s’est traduit par une opération “Zéro brancard dans nos couloirs”. « Durant cette journée nous n’accueillons un nouveau patient que lorsqu’un box se libère. Un médecin fait un contrôle en amont de l’accueil des urgences pour identifier les éventuelles urgences vitales qui sont bien évidemment prises en charge sans délai. Cela va sans doute créer une file de VSAV et d’ambulances devant le service, mais cela symbolisera le fonctionnement de nos structures d’urgences ! En fait, c’est le fonctionnement normal des urgences… »
Crainte de la réorganisation à venir
L’état actuel des urgences fait l’objet d’alertes multiples et rien ne semble s’améliorer, d’où ce mouvement sur deux jours en France, sur 24 heures à Langres. « Ces dysfonctionnements, on ne le connaissait pas vraiment à Langres. Ils sont apparus il y a deux ans, environ, avec le départ massif de médecins et d’infirmières. Et, là encore, il n’y a aucune étude de faite pour connaître la raison de leur départ ! De fait, depuis quelques mois, nous avons dû fermer un service faute de personnel, notamment paramédical. A tout cela s’ajoute la loi Rist. Plus aucun remplaçant médical, ce qui pose problème notamment pour les congés d’été », souligne le chef de service.
Mais, à Langres, il y a aussi d’autres craintes, notamment celles de l’avenir des hôpitaux centre et sud. « Après la prise en charge des patients aux urgences, il faut qu’ils puissent être dirigés dans le service spécialisé adéquat. Et, là ce n’est plus possible en raison d’une gestion catastrophique des lits depuis trop d’années. Et, le projet de l’ARS pour l’hôpital de Langres n’augure rien de bon. On nous dit vouloir préserver les urgences 24h/24, mais au final nous n’aurons plus de services spécialisés, plus de pharmacie, ni de laboratoire… »
Patricia Charmelot