“Urgence sanglier” pour les chasseurs de Haute-Marne
À l’initiative de la Fédération des chasseurs de Haute-Marne (FDC 52), six réunions sont programmées dans le département afin de sensibiliser les chasseurs à la nécessité de réduire les populations de sangliers, et donc de prélever.
C’est un carnage pour les cultures. Même les semis n’ont pas été épargnés. Après trois années de reproduction excellente, les sangliers sont très nombreux. Le contrecoup de la sécheresse estivale les encourage en outre à aller chercher leur dose de protéines dans les champs. La conséquence est sans appel : le nombre de dossiers liés aux dégâts de gibier explose littéralement. D’où une “urgence sanglier”, lancée par la Fédération des chasseurs, avec une série de réunions réparties sur l’ensemble du département.
« L’objectif de cette “urgence sanglier” est de faire prendre conscience aux chasseurs que ce que l’on est en train de vivre est exceptionnel. Il ne faudrait pas que cela se répète », entame en préliminaire le président de la FDC 52, Thomas Corvasce, chiffres à l’appui pour les dégâts de gibier. « L’exercice 2018-2019 de la fédération s’est terminé à 1,4 million d’euros versés aux agriculteurs pour 1 100 dossiers ouverts. Si on ajoute les frais qui accompagnent cette somme, cela fait 2,25 millions d’euros. » Pour l’année qui vient de débuter, « nous en sommes à 600 dossiers ouverts en cinq mois », résume-t-il. Certaines zones sont particulièrement touchées.
La main à la poche
La fédération projette d’aider les sociétés de chasse les plus touchées par les dégâts de gibier dans les cultures. « Nous avons encore quelques réserves. Nous allons mettre la main à la poche, mais c’est la dernière fois. Si on veut sauver la chasse en Haute-Marne et continuer à chasser, il faut réduire les populations de sangliers. C’est une question financière », poursuit Thomas Corvasce. Le souci ne se pose pas uniquement en Haute-Marne. « C’est national et même mondial. Même aux États-Unis, ils rencontrent des problèmes similaires. Il faut que l’on ouvre les yeux et que l’on ne laisse plus augmenter les populations. »
Le président de la fédération est conscient que dans certaines zones, il est peut-être plus complexe de prélever. « Nous avons prélevé 13 000 sangliers l’année dernière, donc il ne faut pas dire qu’il n’y en a pas ! Nous devons repasser à des données plus raisonnables. Les sangliers se déplacent beaucoup, surtout la nuit. Ce n’est pas toujours simple, mais ne nous cachons pas derrière notre petit doigt. Il faut frapper fort… »
Réagir sans attendre
Pour autant, Thomas Corvasce n’est pas en train de réclamer l’éradication de l’espèce. « Nous organisons ces réunions pour provoquer une réaction de la part des chasseurs. Peut-être qu’il faut un temps abandonner les règles de gestion : pourquoi pas prélever plus d’adultes, comme les laies ? Je suis prêt à entendre beaucoup de choses. De toute façon, il nous faut réagir, sans attendre… »
Pour le président des chasseurs haut-marnais, la diminution du nombre de sangliers ne devrait pas poser de soucis pour la chasse à moyen terme, dans un contexte où le nombre de chasseur s’érode doucement, moins de sangliers suffiront à contenter les pratiquants. En outre, une réflexion est ouverte sur les prix des baux de chasse. Une thématique qui devrait être détaillée lors du cycle de réunions qui s’ouvrira ce soir.
S. C. S.