Urgence climatique – L’édito de Patrice Chabanet
Le climat social n’est pas le seul à être très chaud. Le climat tout court l’est aussi. Météo France nous apprend que l’année 2018 a été la plus chaude que l’Hexagone ait connue depuis 1900, c’est-à-dire depuis le début des relevés météorologiques. Notre pays, on s’en doute, n’est pas le seul concerné. La tendance est planétaire. L’Arctique, par exemple, a vécu sa deuxième année la plus chaude en 118 ans. Les prévisions ne laissent pas espérer un retournement de situation. Ainsi, les spécialistes britanniques du Met Office s’attendent à un nouveau record en 2019.
Dans le contexte franco-français, ces informations donnent du grain à moudre à tous ceux qui estiment que l’Etat ne fait pas grand-chose pour lutter contre le réchauffement climatique. En 36 heures, une pétition dénonçant « l’inaction de l’Etat » a recueilli un million de signatures. La motion vise à soutenir quatre ONG qui assignent l’Etat en justice. On est donc très loin d’une position de principes. Et l’on s’approche des modalités d’un référendum citoyen qui ne veut pas dire son nom.
Visiblement, les défenseurs de l’environnement ont eu le sentiment ces derniers jours que le gouvernement sacrifiait la transition écologique pour se concentrer sur les revendications sociales des gilets jaunes. La rapidité avec laquelle la motion a recueilli un million de signatures, aussi vite que la pétition réclamant l’annulation de la hausse du prix du carburant, peut être interprétée de deux manières différentes. La première révélerait une cassure entre ceux qui pensent au 15 du mois et ceux qui pensent à la fin du siècle. La deuxième, plus oecuménique, établirait un pont entre les exigences environnementales et les revendications de pouvoir d’achat. Une chose est sûre : ces deux thèmes vont surplomber désormais le quinquennat d’Emmanuel Macron. Deux défis qu’il ne sera pas facile de relever, car ils ne renvoient pas à un simple changement de cap politique, mais à un mouvement de fond de la société française.