Urbanisme : quand un citoyen fait la sentinelle
Les différents éboulements de ces dernières années au sein du centre historique ont mis en avant la fragilité de certains îlots. Cécen, Langrois amoureux de sa ville, met à profit son temps libre pour se balader et fait remonter des informations précieuses pour la sécurité de tous.
Depuis 2016, Cécen a un peu plus de temps libre. Mais, lui qui a toujours été actif n’est pas du genre à rester enfermé chez lui, dans son appartement aux Quartiers-Neufs. Aussi, il part quasiment quotidiennement faire une balade en centre-ville.
Natif de Langres, il aime sa ville et prend plaisir à marcher dans les rues ou sur le chemin de ronde des remparts. « C’est un bon moyen de se détendre. De se vider la tête », explique Cécen. Mais ses balades il les met aussi à profit pour bien autre chose. « Bien souvent quand on se promène, on regarde ses pieds ou devant soi, mais on ne voit pas toujours ce qu’il y a autour de soi. Moi j’aime bien regarder les routes, les bâtiments. »
Et c’est comme cela qu’il a commencé à repérer des fissures qui lui paraissent anormales ou des cheminées qui menacent de tomber. Des problèmes qu’il estime dangereux pour la population. « J’ai déjà fait remonter plusieurs choses comme cela. Il y a eu la cheminée rue Diderot ; des tuiles qui tombaient au sol vers la rue Claude-Forgeot ou encore dernièrement la grande fissure dans la cour de la Maison Renaissance. » A chaque fois que Cécen estime que cela peut entraîner des problèmes, il fait remonter les informations aux services de la Ville.
« Quand je croise un agent de la Ville je le lui dis parce que le personnel ne peut pas être partout. » Une veille qui fonctionne plutôt bien puisque pour les exemples que Cécen a cités un périmètre de sécurité a été mis en place par les services, voire des travaux enclenchés comme cela a été le cas pour la cheminée rue Diderot.
« Je ne suis pas un expert mais je vois bien que ce n’est pas normal. »
Cécen, Langrois vigilant
Un rôle de sentinelle qu’il endosse de manière spontanée par souci de la sécurité de tous. « Mon père était maçon et moi j’ai fait un chantier d’insertion à La Lunette 10 et ça m’a permis d’apprendre plein de choses sur le bâti. Quand je vois une fissure comme celle qu’il y a sur le bâtiment sanitaire de la place Bel’air, je me dis que ce n’est pas très bon… Je ne suis pas un expert mais je vois bien que ce n’est pas normal. Je préfère alerter pour rien que de ne rien dire et laisser les choses derrière moi. Et s’il arrivait quelque chose ? »
Ses dernières balades l’ont donc conduit à signaler les sanitaires publics place Bel’air, mais aussi une cheminée à l’entrée de la rue Lambert-Payen, le muret qui borde le square Jeanne-Mance, ou encore un trottoir qui s’est écarté de sa bordure rue Lombard entre autres. « Je n’arrive pas à comprendre comment un trottoir peut avoir bougé comme cela… »
Au fil de ses balades déstressantes, Cécen joue un peu le rôle de sentinelle citoyenne. Un rôle qui, à bien y regarder, pourrait bien être profitable à tous.
Patricia Charmelot