Unité indispensable – L’édito de Patrice Chabanet
Il ne suffit pas de parler d’entente franco-allemande si les actes ne suivent pas. C’est pourquoi Angela Merkel et Emmanuel Macron ont décidé de passer à la vitesse supérieure. La crise économique provoquée par la pandémie du Covid-19 leur en a fourni l’occasion. France et Allemagne ont été à la manœuvre pour promouvoir un vaste plan de relance au niveau européen. Faute de quoi, il ne faut pas rêver, le chacun pour soi aurait prévalu, avec le risque non négligeable d’une désagrégation de l’Union.
La solidité du couple franco-allemand ne se mesure pas seulement à son aptitude à juguler ensemble les difficultés économiques. Elle doit prouver également sa capacité d’intervention dans tous les dossiers brûlants qui s’empilent sur la scène internationale. La rencontre de Brégançon a permis à la chancelière et au président de les passer en revue pour tenter d’y apporter une solution. Dans les urgences, il y a la Biélorussie. Paris et Berlin proposent leur médiation à laquelle Moscou ne serait pas opposée. La question turque devient lancinante avec un Erdogan prêt à toutes les provocations. Merkel et Macron ne sont pas tout à fait d’accord sur la manière de traiter le président turc. Le président français prône une position ferme et la chancelière veut donner encore une chance à Ankara, mais les deux sont convaincus qu’il ne faut pas laisser s’envenimer le conflit gréco-turc. Et quand on tire le fil des crises, apparaît très vite celle de la Libye en proie à d’inextricables divisions et à une guerre civile qui ne veut pas dire son nom. Plus au Sud, ce sont les pays du Sahel qui ne parviennent pas à contenir la poussée islamiste. Si l’Europe n’arrive pas à reprendre la main sur ces dossiers, on risque d’assister à une balkanisation de cette partie du monde, à nos portes. France et Allemagne en sont conscientes. Trump est trop préoccupé par sa réélection pour s’y intéresser. Quant à Poutine il observe.