Union, désunion – L’édito de Christophe Bonnefoy
D’un côté Montier et son Festival. De l’autre l’Europe, d’une certaine manière.
En Haute-Marne, cette magnifique nature comme on la rêve, qu’on affiche en photo. Mais, aussi, les messages d’alerte sur ces espèces qui disparaissent, cette végétation un peu moins fertile chaque année, ces dérèglements un peu plus voyants chaque jour. Et cette beauté qu’on fait bien d’imprimer, parce que ne resteront peut-être bientôt plus que les clichés pour se souvenir…
Là-bas, à Bruxelles, tout le paradoxe de ce qu’on voudrait faire. Et qu’on ne fait pas. Parce que les belles idées voient se confronter, pour ne pas dire s’affronter, souvent, 27 entités pas toujours d’accord, pas toujours sur un même chemin.
Montier fait rêver autant qu’il sensibilise. Bruxelles nous ramène à la réalité. Emmanuel Macron avait par exemple promis que le glyphosate, « cancérogène probable » selon l’Organisation mondiale de la santé, ne ferait plus partie du paysage. Très vite. Mais la France n’est pas toute seule. Dans ce domaine comme dans d’autres, ce qu’on envisage en ses frontières est largement tributaire de l’avis des autres.
En l’absence de majorité sur la question de l’herbicide très controversé, voilà donc la vie du glyphosate prolongée de dix ans. Ainsi a tranché la Commission européenne, “guidée” par les membres de l’UE. Bien sûr, cette décision s’accompagne de garde-fous. Pour le principe ; comme pour dire qu’on est conscient du problème et qu’on ne basculera pas dans l’irresponsabilité la plus totale. Mais tout de même : qu’on soit un fervent défenseur du produit ou qu’on le dénonce avec véhémence – chacun son point de vue, chacun ses arguments -, il faut bien avouer qu’on est en permanence sur le fil, dès lors qu’il faut parler unité européenne. Ambiance…