Une victime de plus – L’édito de Christophe Bonnefoy
A Quimperlé, dans le Finistère, il aura fallu attendre 19 ans avant la mise en examen de l’auteur possible, pour ne pas dire probable, de la disparition d’une jeune fille de 19 ans. Son compagnon de l’époque. Rien n’est jamais définitif, en matière de faits divers. Qu’on se le dise…
A La Roche-sur-Yon, la course à la vérité aura, elle, plus été un sprint qu’un marathon. On pourra toujours, dans certaines sphères, reprocher aux forces de l’ordre des silences qui s’apparentent bien souvent pour les victimes à de l’inaction. Mais le temps de l’enquête n’est pas le même que celui des familles, qui attendent des réponses. LA réponse. Ici, en quelques semaines, on sera passé du mari éploré au bourreau. Même si, selon les termes consacrés, histoire de respecter pleinement la loi, la présomption d’innocence doit rester le maître-mot.
Le monde est-il devenu fou ? On ne peut en tout cas pas dire qu’il marche actuellement sur ses deux jambes. Bien sûr, les criminels ont toujours existé. Les époux incapables d’accepter une rupture, aussi. Les faits divers sordides, marquants, ont traversé les décennies. On ne découvre pas subitement la noirceur de l’âme humaine.
Mais cette affaire restera, n’en doutons pas, révélatrice des travers de notre temps. Le mari était visiblement très friand de lumière. Chacun sa façon de la prendre. Lui, avait choisi les caméras de télévision pour lancer un appel, après la disparition de son épouse. Quel cynisme ! Rien d’étonnant, pour un homme dont on avait appris quelques heures plus tard qu’il se serait enorgueilli auprès de ses proches d’avoir été agent secret. Dans sa tête, sûrement.
Cynique, tout autant, lorsqu’il avait relayé des appels sur les réseaux sociaux, après la disparition : « Les enfants te souhaitent une bonne fête des mères, ils t’aiment et tu leur manques beaucoup ». Et pour cause.
Karine Esquivillon est une victime de plus sur la longue liste de féminicides, en perpétuelle augmentation.