Une stratégie alambiquée – L’édito de Patrice Chabanet
Le combat continue. A peine installée dans la nouvelle Assemblée nationale la Nupes a déposé une motion de censure qui sera discutée cet après-midi. Elle n’a aucune chance d’obtenir une majorité, les Républicains et le Rassemblement national ayant déclaré qu’ils ne s’associeraient pas à l’extrême gauche. La Nupes le savait dès le départ. Son souci, surtout à l’instigation de la France insoumise, est d’occuper le terrain et de s’afficher comme la principale opposition au gouvernement. On connaît déjà l’argument qui nous sera servi : les Républicains et le Rassemblement national préfèrent se ranger du côté gouvernemental. Une stratégie alambiquée qui ne convaincra que les naïfs.
Ce premier débat aura au moins un mérite : prendre la température de l’Assemblée nationale. Sera-t-elle un lieu de confrontation d’idées et de projets ? Se transformera-t-elle en une arène vouée au pugilat et aux revanches politiques ? On peut craindre que la deuxième hypothèse soit la plus vraisemblable. Le chahut constaté dès le début de la session parlementaire nous en donne déjà un premier aperçu. On souhaite bien du plaisir à la nouvelle présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, pour ramener le calme dans les débats.
Le gouvernement compte sur des majorités d’opportunités, texte par texte. Une manière d’esquiver l’absence de majorité absolue. Reste à savoir si ce mode de fonctionnement sera viable dans la durée. Il ne correspond pas à la culture française qui confond aisément tractations politiques et magouilles politiciennes. D’où l’impossibilité d’envisager toute forme de coalition. On mesure ainsi les limites de la Constitution de la Ve République. Elle n’avait pas prévu l’éclatement de la classe politique entre trois blocs. Maintenant, il faut faire avec.