Une si longue absence – L’édito de Patrice Chabanet
Les plaisirs simples constituent le sel de la vie. C’est peut-être d’abord cela le déconfinement. Boire un verre avec des amis, retrouver le chemin des magasins, se plonger dans le noir des salles obscures, redécouvrir la richesse de nos musées. Après une si longue attente, c’est presque un rêve éveillé. Jamais depuis la Guerre , la France n’avait dû se barricader aussi longtemps derrière les protections sanitaires. Des expressions avaient donné et donnent encore le ton. Vivre sous « couvre-feu ». Un langage martial qui en dit long sur l’épreuve que nous avons traversée. D’où cet air de liberté qui a flotté hier sur tout le pays. Mais rien à voir avec la Libération. La France de 2021 n’a pas subi le régime draconien des privations et le non-respect du couvre-feu n’a jamais exposé leurs auteurs à des risques mortels.
Il est encore prématuré de parler de retour à la normale. On peut l’espérer sans pouvoir le certifier. Le souvenir d’un précédent déconfinement demeure cuisant. Souvent les résultats positifs sont contre-balancés par des phénomènes inquiétants et souvent inexplicables. Dernier exemple en date : les vaccinations. Les Israéliens et les Britanniques enregistrent un net ralentissement après avoir mené la course en tête. Pourquoi ? Peut-être parce que la vaccination concerne maintenant les hésitants ou les réfractaires. Mais rien n’est moins sûr. Mais il y a une certitude : tant que la couverture vaccinale n’atteindra pas le taux de 85 ou de 90%, l’immunité collective demeurera un vœu pieux. Cette incertitude commande une attitude balancée face au déconfinement : exubérance et vigilance. Exubérance pour savourer les plaisirs de la vie. Vigilance pour ne pas être pris à revers une nouvelle fois par le Covid. A chacun d’entre nous de gérer ces injonctions contradictoires.