Une semaine, un livre : « Une heure de ferveur »
“Une heure de ferveur” de Muriel Barbery paru aux éditions Actes Sud.
Après le magnifique “Une rose seule”, présenté dans ces mêmes pages le 28 octobre 2020, Muriel Barbery revient sur les traces de son héroïne Rose, venue au Japon hériter d’un père qu’elle n’avait jamais connu. Mais quel était cet homme qui l’avait apparemment ignorée et lui avait légué non seulement sa fortune mais aussi tout un héritage culturel qui l’avait transformée ? C’est à lui que l’auteure consacre son nouveau roman.
La première page s’ouvre à Kyoto, dans le jardin Shinnyo-do où Haru Ueno se recueille. Il sait sa fin proche et revit les étapes importantes de sa vie. « Un récit en miroir, écrit Muriel Barberey, où Rose à son tour deviendrait l’absente ». Elle dessine le portrait d’un grand marchand japonais passionné par l’art dont il a fait son métier, la beauté, le saké, les femmes… et sa fille dont la naissance va bouleverser sa vie bien que la mère lui ait interdit de la rencontrer. Elle devient pourtant sa principale raison de vivre et d’espérer. L’amitié « qui est une partie de l’amour » occupe aussi une large place dans son existence. Lui et ses amis, hommes d’affaires, artistes, sont des philosophes, à la recherche du sens profond de la vie « d’une forme de grâce, de ferveur » qui aide à surmonter les aléas, les peines et à accueillir sereinement la mort. L’art, l’amitié et Rose sont les trois fils qui ont tissé le destin d’Haru Ueno.
Le récit se déroule dans un décor de temples, de jardins, de cimetières, de pagodes où tout est ordonné avec soin, où tout fait sens, dans la mythique ville de Kyoto qui envoûtera Rose plus tard. Le tout « porté par une écriture et une structure épurée » voulues par l’auteure pour « ressentir l’implacabilité de la marche du temps ».
De notre correspondante Françoise Ramillon