Une séance de lecture intergénérationnelle
Jeudi 8 juin, c’était atelier lecture à l’accueil de jour des Cotelles, section de l’ADMR d’Ancerville. Pour la troisième séance sur les quatre prévues, les élèves de deux classes de 6e du collège Emilie-Carles, dirigés par leur professeure de français, Delphine Bailly, ont traversé la rue pour lire devant les patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou pathologies apparentées. Ils leur ont raconté la vie de personnes célèbres, telles qu’Ella Fitzgerald, chanteuse de jazz américaine victime de discrimination raciste, J.K. Rowling, romancière britannique créatrice du célèbre Harry Potter ou Coco Chanel, grande couturière française.
La démarche a un double objectif. Tout d’abord, comme l’explique Delphine Bailly, « c’est une occasion de lecture à haute voix car c’est une pratique qui se perd énormément. Depuis trois ans, il faut mesurer la fluence dans les évaluations nationales de français en 6e. Ces ateliers s’ajoutent aux cours habituels et se pratiquent par demi-classe. Les collégiens, tous volontaires, ont déjà lu à haute voix devant parents et amis lors de la Nuit de la lecture. Ils ont participé à des brigades d’intervention poétique qui se sont produites à la commune, dans les bureaux, dans la salle des profs, au micro. A leur âge, la timidité n’a pas encore pris le pas sur l’assurance et ils lisent tout naturellement ».
En second lieu, comme l’expose Corinne Pillard, cheffe de service de l’accueil de jour, « la lecture à voix haute s’adresse à chaque séance à une douzaine de personnes qui, le plus souvent, ont perdu leur capacité à lire. Les livres choisis racontent des histoires simples qu’ils sont susceptibles de connaître. Il s’agit d’une interaction sociale, cela va bien au-delà de la lecture elle-même car ce peut être un prétexte pour aborder plusieurs thématiques. Ainsi, lors d’une séance de lecture sur Rosa Park, noire américaine antiségrégationniste, un malade passionné d’histoire a ouvert le débat sur la discrimination raciale. De plus, les patients n’ont pas forcément de contacts fréquents avec leurs petits-enfants et de voir ainsi les collégiens leur apporte du baume au cœur ».
Cette expérience, bénéfique pour tous, apporte de l’eau au moulin des spécialistes, qui reconnaissent les bénéfices de la lecture aux deux extrémités de la chaîne de la vie. Elle permet aux plus jeunes de s’enrichir l’esprit, d’acquérir du vocabulaire, aux plus anciens atteints de troubles cognitifs d’améliorer leur mémoire et leur concentration.