Une rupture assumée – L’édito de Patrice Chabanet
Pleinement ragaillardi par sa relaxe, François Bayrou a lâché les chevaux. Et pas qu’un peu. Il a même vidé son sac. Il n’entrera pas au gouvernement. L’annonce a été faite dans une déclaration à l’AFP, une méthode expéditive peu conforme aux usages. L’explication de texte est de la même eau : « pas d’accord profond sur la politique à suivre », ni sur la manière de réduire « le gouffre qui s’est creusé entre la province et Paris ». Eternelle opposition entre Girondins et Jacobins. Le patron du Modem a mis le doigt là où ça fait mal : le gouvernement, par sa composition, est très parisien.
L’esclandre provoqué par François Bayrou ne facilite pas la nomination des ministres délégués et des secrétaires d’Etat dans la deuxième fournée gouvernementale. Faut-il faire appel à des élus du Modem, alors que leur leader vient de claquer la porte ? Quel avenir pour Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture?
Emmanuel Macron et Gabriel Attal peuvent se rassurer avec pareil allié en dehors de l’équipe gouvernementale, obligé de la boucler au nom de la cohésion. Mais la pleine liberté d’expression retrouvée du centriste pourrait être meurtrière. Mu par le ressentiment comme on le voit aujourd’hui, il fera entendre ses désaccords sur les thèmes qui lui sont chers, comme l’Education.
En attendant, les deux têtes de l’exécutif ont aussi à résoudre le cas Oudéa-Castéra. A l’évidence, elle ne peut pas conserver son poste. Trop d’erreurs l’ont affaiblie. Parmi les solutions : lui laisser la partie sports et JO, et la dessaisir de l’Education. Réponse sans doute aujourd’hui. Le temps presse après quatre semaines d’attente.
p.chabanet@jhm.fr