Une rentrée scolaire pas si rose que ça
Enseignement. Les syndicats d’enseignants ne partagent pas l’enthousiasme de l’éducation nationale au sujet de la rentrée scolaire. Manque de « profs », classes surchargées et revalorisation qui n’est pas à la hauteur de ce qui est annoncé, les organisations syndicales font le point.
Entre la communication gouvernementale et la réalité de terrain, les syndicats d’enseignants laissent clairement entendre qu’il y a un gouffre. C’est en tout cas ce qu’ont tenu à exprimer mardi 19 septembre Alexandre Bally et sa consœur Pascale Mignon, co-secrétaires de la FSU et Jean-Luc Cornesse, secrétaire départemental du Snes-FSU réunis à l’occasion d’une conférence de presse. Au cœur de leurs propos, une rentrée scolaire qui n’est pas si rose que cela, en tout cas loin de « la com’ » qui est faite par le nouveau ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal.
Il manque des profs
Les représentants syndicaux attaquent sur trois fronts : la revalorisation salariale qui n’est pas à la hauteur des enjeux, les effectifs, à la fois du côté des enseignants comme celui des élèves. « A Blaise-Pascal, il manque un professeur d’allemand, à De Gaulle, une documentaliste, au lycée Diderot, un professeur d’anglais, au collège des Franchises à Langres un directeur de Segpa et un agent comptable (…) A l’échelle nationale, il y a un établissement sur deux où il y a un manque de personnels. On est loin du discours qui dit qu’il y a un prof devant chaque classe », dénoncent les représentants syndicaux. Côté revalorisation salariale, « la communauté éducative a très mal vécu le fait de devoir donner aux parents à la rentrée une brochure qui indique que les enseignants vont percevoir une augmentation entre 125 et 250 €. Ce sont des chiffres qui ne correspondent à rien », glisse Pascale Mignon.
Pouvoir d’achat en baisse
« Depuis le début des années 2000, l’inflation a augmenté de 50 % ; le point d’indice dans la fonction publique n’a augmenté, lui, que de 14 %. Les enseignants subissent clairement une baisse de pouvoir d’achat », ajoute Alexandre Bally. « On ne peut pas parler de revalorisation. Ce qui est proposé c’est travailler plus pour gagner plus », prolonge Jean-Luc Cornesse, faisant référence au pacte enseignants qui propose effectivement des missions complémentaires aux enseignants contre rémunération. « Depuis qu’Emmanuel Macron est président, 8000 postes d’enseignants ont été supprimés dans le second degré avec 21 000 élèves en plus », dénonce Alexandre Bally.
Même en Haute-Marne, l’arbitrage des seuils de fermeture ou d’ouverture de classes a joué des tours lors de cette rentrée. « On a 31 élèves en 6e à Colombey », fait savoir Pascale Mignon qui travaille dans cet établissement, « au collège de Prauthoy aussi, on a plus de 30 élèves par classe », complète Jean-Luc Cornesse. Les trois représentants syndicaux relèvent des conditions de travail qui se dégradent et un métier qui, de fait, est de moins en moins attractif. Ils parlent non pas d’une rentrée réussie mais plutôt « dégradée ».
C. C.