Une rencontre inhabituelle à Rolampont

Vendredi 1^er septembre, une habitante de Rolampont a eu la surprise de découvrir un papillon très particulier et reconnaissable de tous. Présent sur sa façade, le sphinx tête-de-mort (Acherontia atropos) est facilement identifiable grâce à sa marque caractéristique rappelant la forme d’une tête de mort sur la partie dorsale du thorax. Ce lépidoptère de la famille des sphingidae est le plus lourd et le plus grand que l’on puisse rencontrer en Europe après le grand paon de nuit. Adulte, son corps peut mesurer jusqu’à 6 cm pour une envergure de 13 cm. Les chenilles se distinguent par leurs V bleus dorsaux et possèdent une corne (scolus) à l’extrémité de l’abdomen. Très grosses, elles atteignent 15 cm de longueur et s’enterrent, comme beaucoup de chenilles de la famille des sphingidés, pour se transformer en chrysalides dans le sol. Afrotropicale, le sphinx tête-de-mort est présent dans la plupart des pays du continent africain, à Madagascar, en Moyen-Orient jusqu’au Turkménistan, puis de la Turquie à l’Espagne le long des côtes méditerranéennes et de ses îles (Chypre, Corse, Sardaigne, Sicile, îles Canaries, Baléares, Crète, etc.). Ailleurs, à travers la quasi-totalité des pays de l’Europe, il s’observe en tant que migrateur, y compris en Islande et dans l’Ouest de la Russie. Les papillons ont une très forte capacité de dispersion et sont capables de parcourir plusieurs milliers de kilomètres. En Suisse, le papillon a été observé à 3 100 m d’altitude. Déchirant la nuit, son cri strident a également contribué à nourrir les croyances populaires. Son nom fait référence à la mythologie grecque dans laquelle l’Achéron, fleuve de l’Enfer, devait être traversé pour atteindre le séjour des morts. Avec sa tache en forme de crâne sur le thorax, le papillon a nourri de nombreuses histoires et légendes dans les villages ruraux d’Afrique d’où il est originaire. La population des sphinx tête-de-mort n’est pas menacée et ne bénéficie pas de statut de protection. Cependant, ce papillon est devenu très rare dans les zones urbanisées ou d’agriculture intensive. Selon la carte de l’Inventaire national du patrimoine naturel, ce papillon n’a été observé qu’une seule fois sur le département, à Marcilly-en-Bassigny en 2019.

De notre correspondant

Mickaël Thabourin