Une première en France
Les murs ont la parole. Retrouvons notre série consacrée aux événements populaires qui ont marqué la vie de la cité. Nous voici en 1887. Nous sommes à la veille du dimanche 6 novembre, les Langrois s’apprêtent à inaugurer la naissance du premier chemin de fer à crémaillère de France… Un jour historique !
C’est une fête mémorable qui se prépare dans la cité perchée, une fête qui doit durer trois jours et qui est annoncée dans toute la ville… « Mes chers concitoyens, la ville de Langres célébrera dimanche prochain 6 novembre une fête unique dans son histoire : l’inauguration d’un chemin de fer qui, franchissant hardiment ses remparts fera cesser, désormais, un isolement trop longtemps funeste à ses plus précieux intérêts. L’établissement du Chemin de fer à crémaillère, le premier de ce genre en France, est notre œuvre commune. Population, administration municipale, administration supérieure, Conseil général, députés, ingénieurs : tous se sont dévoués à cette entreprise, qu’un succès incontestable va couronner. C’est donc la fête de tous que nous allons célébrer ; fête qui marquera pour Langres une ère nouvelle de progrès et de prospérité : vous y prendrez part (…) Nous nous unirons ainsi en un vif et commun sentiment d’espoir dans l’avenir de notre vieille cité langroise ». C’est par ces mots que le maire, Jean-Ernest Darbot, annonce à la population les festivités à venir. Du matin au soir, on procède aux essais de la voie et du matériel qui doit pouvoir relier en quelques minutes, la gare de Langres-Marne située au pied des remparts à la vieille ville. Et le grand jour arrive enfin, ouvert par 21 coups de canon. Les gens affluent des villes voisines, oriflammes et drapeaux flottent aux fenêtres, la musique anime les rues… Puis les invités arrivent à la gare, une nouvelle salve de canon est tirée et le train inaugural magnifiquement décoré apparaît sur le rempart, sous les applaudissements. Personnalités et élus descendent de voiture, clairons et marseillaise résonnent… Puis vient le temps des banquets, musique encore, retraite aux flambeaux, bals… Un peu plus tard, le 20 novembre, l’évêque Mgr Larue bénira la machine lors d’une cérémonie à la gare haute. Après son électrification en 1935 et des années de bons et loyaux services, la crémaillère cessera son activité en 1971.
De notre correspondante Angélique Roze