Une plongée dans le Bourbonne d’antan
Avec “Un homme se penche sur son passé”, Maurice Constantin Weyer recevait en 1928 le Prix Goncourt. Sa maison natale est à Bourbonne-les-Bains, à deux pas du Parc de l’Hôtel de Ville dont le musée accueille l’exposition, aux accents de Marcel Proust, “A la recherche du temps perdu” signée Jean-Michel Louis, natif aussi de la cité thermale.
L’ancien pharmacien, demeurant à Beaune, évoque le mémoire de Maurice Constantin Weyer par des extraits comme ceux d’un miroir. « Je suis un enfant de Bourbonne. Et j’aime mon pays natal, singulièrement attachant. » écrivait le lauréat du prix Goucourt. Son exposition établit un parallèle permanent entre le passé et le présent d’une manière pédagogique et variée. Lors du vernissage du 2 juillet, Emilie Beau, adjointe aux affaires culturelles a mis en exergue « ce Bourbonnais de cœur, qui y revient régulièrement, car sa maman tenait une officine dans la Grande-Rue. C’est un parfum de nostalgie qui imprègne les cimaises du pôle culturel avec “le Bourbonne de la belle époque” ».
Un important volet est consacré aux cartes postales anciennes qu’il retravaille par numérisation, apportant aussi une touche au pinceau à la manière de la colorisation cinématographique, avec un résultat saisissant. C’est une invitation à une balade dans les principales rues de la cité à la manière de notre rubrique dominicale “d’Hier et d’aujourd’hui”. Elle y apporte tout le côté anecdotique puisque sa jeunesse a été vécue à Bourbonne, et l’atmosphère dont il est imprégné. Sa recherche lui permet d’y ajouter un plus avec les cartes publicitaires de l’époque comme les sucres d’orge, les chocolats au kirsch, le cabinet de lecture de la Maison Camus-Dufey, avec la Maison Haguenauer sous l’enseigne “Au Printemps”, se définissant comme la “spécialiste pour le bain”, l’hôtel et le café des Bains, annonçant “l’eau courante”…
Des huiles séduisantes
Jean-Michel Louis offre ce trait d’union entre ces deux époques en intercalant de remarquables peintures à l’huile qui sont une invitation à une balade dans cette station verte, du côté du parc du château, de la source Maynard et du parc Montmorency (aujourd’hui arboretum), où il rappelle qu’il fut dessiné par l’un des élèves de l’architecte Le Nôtre et dont l’hôtel particulier a reçu Adelaîde et Victoire, filles de Louis XV. Un regard sur l’Hôtel du Parc construit dès 1913 par l’architecte Henri Sauvage, connu pour la Villa Majorelle (Art Nouveau) à Nancy ou la Samaritaine à Paris. Jean- Miche Louis rafraichit les mémoires en indiquant « qu’une source thermale coulait de son sous – sol.Les architectes commencèrent à aménager des installations de Bains, mais celles – ci ne seront jamais achevées ».
« Je ne me considère pas comme artiste, mais comme un artisan » souligne jean-Michel Louis, « voire comme un miniaturiste », confessant aussi qu’il cultive une passion de maquettiste.
Une autre facette de Jean-Michel Louis est la poésie, ayant édité des recueils agrémentés de remarquables illustrations.
Enfant, il faisait souvent du patin à roulettes sur le trottoir de l’ancien établissement thermal. Sa destruction a été ressentie comme brutale. Alors il compose un poème intitulé “Fantôme de l’ancien établissement thermal”, comme un cri du cœur, appuyant son œuvre numérique “revisitée”.
“Bâtiment englouti dans un fonds abyssal
Naufragé par le temps, tu n’es plus qu’un fantôme
Qui jadis était droit comme un fanal
Quand mes yeux t’admiraient lorsque j’étais un môme”.
De notre correspondant Noël Overney
Jusqu’au 27 novembre au Parc du Château de Bourbonne-les-Bains. Entrée libre du mardi au vendredi : de 14 h à 18 h ; le samedi : de 10 h à 16 h en continu.