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Une page se tourne – L’édito de Patrice Chabanet

L’information était plus que prévisible : la France va mettre fin à l’opération Barkhane au Mali. Emmanuel Macron l’avait déjà laissé entendre il y a quelques jours. Il l’a confirmé officiellement hier. Le chef de l’Etat n’a pas parlé de retrait pur et simple, seulement d’une « transformation profonde ». Mais derrière les mots s’affiche la volonté de mettre fin à l’aventure malienne dans sa forme actuelle. Certes, le repli de notre contingent – 5 000 hommes – n’aura rien à voir avec une retraite en rase campagne. Il sera graduel, pour laisser le temps à une « alliance internationale » de prendre le relais. Le président français met ainsi nos alliés européens et africains devant leurs responsabilités. Il y a un moment où la France ne peut plus faire seule le sale boulot contre les jihadistes. Pour le moment, les comptes sont vite faits pour recenser les forces qui la soutiennent sur le terrain : quelques maigres contingents venus d’Europe et une seule armée africaine digne de ce nom : celle du Tchad. Bien peu pour contenir la poussée inexorable du jihadisme dans la bande sahélienne.

Pour autant, la France ne pourra jamais se désintéresser complètement du dossier malien. L’installation d’un califat au cœur du Sahel aurait une portée bien au-delà de la sphère africaine. C’est une menace qui se rapproche de l’Europe,avec un réservoir inépuisable de déstabilisation et de terrorisme. Un danger mortel à nos portes. Seule consolation : la mainmise des islamistes sur des villes et des centres de décision, avec la complicité de gouvernements corrompus, les rendrait plus identifiables, donc accessibles aux forces spéciales. En Afghanistan, les coups les plus durs portés aux talibans l’ont été lorsqu’ils étaient au pouvoir. C’est après que l’intervention des Américains et de leurs alliés s’est transformée en bourbier avec un ennemi maître des campagnes et de la nuit. C’est le risque qui nous pendait au nez au Sahel. C’est le propre des guerres asymétriques : le plus fort finit par perdre ou par s’user.

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