Une ouverture 2021 pour oublier 2020
Pour la pêche comme pour le reste, 2020 ne restera pas dans les annales. Les coureurs de berge espèrent ne pas revivre une nouvelle saison aussi morose.
Les ennuis volent en escadrille, c’est bien connu. Les pêcheurs ont pu le vérifier la saison dernière. Des rivières dans les prés pour l’ouverture, un arrêt net trois jours plus tard en raison du confinement décrété par les autorités, un retour partiel au bord de l’eau fin mai et une période de sécheresse avec des étiages sévères jusqu’en novembre. La to-ta-le !!!
Cette saison s’est soldée par une baisse conséquente du nombre de pêcheurs (- 11,86 % par rapport à 2019). La Haute-Marne comptait l’an dernier 9 051 pêcheurs affiliés à une AAPPMA (Association agréée pour la pêche et la protection du milieu aquatique). « 75 % des cartes sont prises pour l’ouverture de la truite en mars », constate-t-on du côté de la fédération de pêche de Haute-Marne.
Durant le premier confinement, les ventes de cartes accusaient une baisse de 40 %. L’hémorragie a été stoppée fin mai avec l’ouverture différée du brochet mais le mal était fait. « Au niveau national, on a constaté un gros rebond dans les grandes villes mais pas à la campagne », déplore Maxence Lemoine, responsable développement à la Fédé 52.
Maintenir le poisson à taille
Cette campagne de pêche inédite a eu également des répercussions sur le fonctionnement des piscicultures. « Avec les niveaux d’eau élevés et le confinement par dessus le marché, beaucoup d’alevinages d’ouverture ont été annulés », se souvient Cyrille Jeanson, pisciculteur à Marmesse.
« On s’est retrouvé avec un stock important de poissons sur les bras. Il a fallu les maintenir à taille en limitant leur alimentation », poursuit le pisciculteur. Il produit en moyenne entre 25 et 30 tonnes de truites et de saumons de fontaine par an.
Le week-end dernier, c’était l’effervescence sur le site de Marmesse. Cyrille et Catherine, son épouse, procédaient au transfert du poisson. « Le planning est respecté. Les AAPPMA s’y sont prises sur le tard car il y avait toujours une menace de confinement dans l’air. Mais là, on tourne à plein régime. La fédération de pêche a pris des dispositions pour inciter les AAPPMA à rattraper les retards en rempoissonnement accumulés la saison dernière. On a encore une grosse semaine devant nous », assure-t-il.
A. S.
Situation contrastée
Du côté de l’Hameçon bolognais, le premier alevinage de la saison vient d’être réalisé. Si le niveau d’eau est correct sur la Marne, il n’en est pas de même sur la Blaise. « Ca baisse sérieusement. C’est inquiétant ! », reconnaît Daniel Martin. Le premier alevinage (600 kg) sera suivi d’un second en avril ou en mai. L’association a également procédé à un rempoissonnement du canal en brochets et en poissons blancs. « On ne l’avait pas fait ces trois dernières années en raison de la prolifération des algues qui ont été coupées en septembre », souligne le président des pêcheurs de Bologne, qui se félicite de la fidélité des adhérents. « Malgré une année tronquée, on a fait 41 cartes de pêche en plus ».
Les pêcheurs du secteur, en plus de la qualité des parcours de l’Hameçon, entendent sans doute saluer les efforts de l’association qui est la seule du département à faire vivre une école de pêche. L’Atelier Pêche Nature, à l’instar de l’école de pêche fédérale, a été contrainte de fermer ses portes dès le premier confinement. Trois séances ont pu avoir lieu à la rentrée de septembre avant une nouvelle fermeture anticipée. « On espère rouvrir l’atelier pêche après les vacances d’avril mais uniquement pour des séances en extérieur », envisage Daniel Martin*.
A Laferté-sur-Amance, l’Amicale des pêcheurs de l’Amance est optimiste. Les ventes de cartes ont été bonnes la saison dernière, sans doute en raison d’un important alevinage d’une tonne de poissons. « C’est un alevinage de compensation après l’incendie qui a touché la ferme de Beaulieu et qui avait provoqué une forte mortalité piscicole dans le cours d’eau voisin », souligne Roger Larget. L’association n’est pas épargnée par ce genre d’épisode : pollution au lisier à Anrosey en 2018, dans le ruisseau de Pierrefaites l’an dernier. « Pour Anrosey, nous n’avons toujours pas de nouvelles des dédommagements éventuels. Pour Pierrefaites, il s’agissait d’une pollution organique qui n’était pas d’origine humaine », précise Roger Larget qui n’a pas été contraint de solliciter de pêches de sauvegarde malgré la sécheresse estivale.
A Laferté-sur-Aube, Cyrille Cerezo a le moral dans les bottes. L’association ne compte plus qu’une vingtaine d’adhérents et sa survie est clairement en jeu. « Il n’y a pas si longtemps, on avait encore 80 pêcheurs. Je pense que les facteurs liés à ce déclin sont multiples. On a un gros problème de chute de la démographie dans le secteur et puis notre parcours est de plus en plus morcelé. On a fait un alevinage de 100 kg de truites pour marquer le coup », précise le trésorier de l’Association des pêcheurs lafertois.
Plus au nord, à Longeville-sur-la-Laines, on tend un peu le dos. « Nous gardons un œil du côté des voisins aubois qui sont en vigilance sanitaire renforcée depuis quelques jours. Pour le moment, la vente de cartes est au point mort, mais les pêcheurs vont se décider au dernier moment », pronostique Jean-Philippe Michel. L’AAPPMA locale a procédé à un premier alevinage important de La Laines car « la reproduction naturelle y est désormais inexistante », regrette le président des pêcheurs du cru.
*C’est également ce qu’envisage la Fédération pour son école de pêche.