Une orchidée stupéfiante : l’épipactis helléborine
NATURE. L’épipactis helléborine, ou helléborine à larges feuilles, est l’une des plus grandes orchidées sauvages de Haute-Marne, notamment avec sa cousine l’épipactis leptochila, ou helléborine à fleurs étroites. Toutes deux peuvent atteindre un mètre de hauteur !
L’helléborine à larges feuilles est une orchidée terrestre vigoureuse des forêts sombres, très fréquentes dans les hêtraies, les conifères ou les bois mixtes, d’une hauteur minimale de 40 cm. Si elle est peu exigeante, elle détient une prédilection pour les sols calcaires riches en humus où elle pousse spontanément. Cette plante fleurit au milieu du mois de juillet, une semaine après l’épipactis muelleri et l’épipactis leptochila, des espèces très voisines qu’un promeneur non averti aura peine à distinguer. Le long de la tige d’épipactis helléborine, dont l’extrémité est retombante durant la croissance, sont disposées des feuilles nervurées largement ovales, à la base engainante, étalées à l’horizontale et se terminant en pointe. L’épi floral est long, plutôt dense avec plus d’une trentaine de fleurs dont les inférieures sont pendantes. Les sépales et les pétales s’étalent en étoile autour du gynostème (organe sexuel).
Les sépales, qui composent le calice, sont verdâtres tandis que les pétales affichent habituellement une coloration rosâtre. L’hypochile (partie inférieure) concave du labelle (pétale supérieur) forme une cupule (petite coupe) brun foncé, dont l’intérieur est nectarifère.
L’épichile cordiforme (partie supérieure du labelle en forme de cœur), plus large que long, est le plus souvent rosâtre avec des nodosités verruqueuses (nodules), ainsi qu’une pointe récurvée (concave vers le haut) à l’extrémité. Par la suite, les fleurs laissent place à des fruits en capsule comptant trois valves et renfermant de toutes petites graines. Si la tige se dessèche à la mauvaise saison, la plante repart au retour du printemps. Seules les limaces sont susceptibles de dévorer les jeunes épipactis à larges feuilles.
Un antalgique très puissant
Les insectes pollinisateurs de l’épipactis helléborine sont des coléoptères, des fourmis, des mouches, des bourdons et des guêpes qui s’introduisent dans son hypochile.
En 2005, des chercheurs ont découvert que son nectar contient de l’oxycodone en petite quantité. Cette molécule est un opioïde qui était jusqu’à présent créé en laboratoire avant d’être identifié naturellement.
Cette substance, considérée en France comme un stupéfiant, est utilisée comme antalgique très puissant pour les douleurs aiguës. Cette orchidée est classée en état de préoccupation mineure par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
De notre correspondant