Une nouvelle piste pour le masque de fer de Langres
Les musées de Langres ont, dans leurs fonds, une pièce liée à l’un des épisodes les plus connus de l’Histoire de France : le masque de fer. Si, jusque-là, peu de pistes reliaient ce masque au mythe, Christophe Roustan Delatour semble en avoir trouvé une dans son dernier livre.
S’il y a un épisode de l’Histoire de France qui reste une des énigmes les plus célèbres et qui fait l’objet de bien des recherches d’historiens du monde entier, c’est bien celui du masque de fer. La communauté scientifique semble maintenant s’accorder sur le nom de ce célèbre prisonnier, Eustache Dauger. Pour autant, il reste encore de nombreuses questions en suspens. Maintenant, quel est donc le rapport entre cette page de l’Histoire et Langres ?
Le masque en lui-même, conservé dans les fonds muséaux de Langres et dont nous avons déjà évoqué l’existence dans nos colonnes en août 2015 (lire en encadré). Aucune preuve scientifique n’atteste, pour l’heure, qu’il s’agit bien du masque de fer qui a couvert le visage du plus célèbre prisonnier dont la garde fut confiée par Louis XIV au capitaine Bégnine Dauvergne de Saint-Mars, mousquetaire du roi, durant 34 ans.
Mais dans son numéro de septembre-octobre la revue Ça m’intéresse – Histoire revient sur cet épisode en rencontrant l’historien Christophe Roustan Delatour qui vient de sortir un nouvel ouvrage “Le Masque de fer, un secret d’Etat révélé”.
La piste de la succession
Ancien élève de l’Ecole du Louvre, Christophe Roustan Delatour est directeur adjoint et responsable scientifique aux musées de Cannes. Et, en 2019, il a été commissaire de l’exposition “L’Homme au masque de fer” où le masque de Langres a été exposé pour la première fois aux yeux du public.
Le bimestriel consacre un dossier de quatre pages à cet épisode de l’Histoire de France et ce livre dans lequel le masque de Langres est bien sûr évoqué. Et, pour la première fois, un lien semble avoir été mis au jour au gré des recherches poussées de l’historien. Il semble que la clé soit le geôlier du masque de fer, le capitaine Bégnine Dauvergne de Saint-Mars mort après ses deux fils Bénigne Antoine (1672-1693), et André Antonin (1679-1703). La fortune de ce mousquetaire du roi qui a terminé gouverneur de la Bastille, évaluée à plus de deux millions de livres, est revenue à ses trois neveux Guillaume, Louis-Joseph et Louis de Formanoir. Or, d’après Christophe Rostan Delatour, l’héritier de la succession de Saint-Mars habitait à Langres. De là à imaginer que le mousquetaire avait conservé un souvenir de son emblématique prisonnier, il n’y a qu’un pas…
Patricia Charmelot
Petit rappel…
Le 2 décembre 1855, Le Messager de la Haute-Marne, nom du journal de l’époque, publie dans sa rubrique “Nouvelles locales”, un petit article révélant une trouvaille étonnante… « Il y a peu de jours, à Langres, dans une vente publique, une revendeuse trouva un masque en fer dans un lot de ferrailles qui venait de lui être adjugé. Elle le céda pour une somme modique à M. L…, amateur distingué, qui, après avoir gratté l’épaisse couche de poussière qui tapissait l’intérieur, mit à découvert une petite bande de parchemin noircie par le temps et sur laquelle on pouvait voir encore quelques caractères à demi effacés », pouvait-on lire alors dans le journal.
L’étiquette mentionnée porte une inscription en latin moderne qui signifie « La présente année 1703, la mort arracha le masque de fer lequel un frère jumeau avait ordonné d’imposer à son cadet… » Rencontré en 2015, Olivier Caumont, conservateur des musées de Langres avait précisé : « Le masque est resté à Langres depuis mais l’étiquette dont il est fait état sur l’article signé de M. Lhuillier, à l’époque, a disparu. Nous ne l’avons jamais eue à la conservation. »