Une matinée avec Line, l’un des agents recenseurs
Jusqu’au 24 février, les agents recenseurs sont en mission à Saint-Dizier. A l’instar de Line, 63 ans, ils partent à la rencontre des habitants tirés au sort pour leur poser des questions très simples. Les réponses permettront d’aider la collectivité à prendre des décisions adaptées.
Vendredi 26 janvier, 8 h 30, Vert-Bois. Rue des Tours, Line attend devant l’entrée de la résidence Ambroise-Croizat. Il fait encore sombre dehors, mais la retraitée rayonne de bonne humeur, comme depuis le début du recensement de la population à Saint-Dizier, le 18 janvier dernier. « C’est ma huitième année comme agent recenseur. J’ai toujours aimé le contact avec les gens, j’avais besoin de garder ça. Et en plus, je suis à la retraite, donc j’ai du temps », confie-t-elle.
Ayant plus de 10 000 habitants, la cité bragarde est concernée chaque année par le recensement. Mais l’opération ne concerne pas tout le monde : « L’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques, ndlr) tire au sort 8 % de la population », précise la Bragarde d’origine, qui, avant le début de sa mission, a participé comme ses collègues à deux sessions de formation.
Préparation
Pour remplir sa mission, Line doit rencontrer une vingtaine de personnes de la résidence Ambroise-Croizat. Pour ce faire, la structure accueillant des personnes âgées dites « autonomes » ou « semi-autonomes », lui met à disposition sa salle informatique. C’est là que, à tour de rôle, les résidents concernés vont répondre à ses questions.
A l’instar des jours précédents à l’immeuble Ardennes (en informant les habitants), l’ancienne porteuse de journaux du JHM a tout préparé. Classeur en mains, elle a constitué des dossiers propres à chaque étage de la résidence, sur lesquels sont indiqués les numéros de chambres des personnes concernées. A l’intérieur, les questionnaires sont préremplis avec les éléments génériques, comme le lieu, l’adresse… « Cela permet à tout le monde de gagner du temps », explique l’agent recenseur, avant de développer : « C’est un travail, c’est très prenant. Tout doit être bien fait, c’est mon côté perfectionniste. J’ai besoin d’être bien organisée. » Illustration, ce vendredi-là, Line est levée depuis 4 h du matin. « Hier, à 2 h 30, pour tout vérifier. Bon, à 7 h, j’ai refait une petite sieste », plaisante-t-elle.
Processus
Les entretiens (lire aussi l’encadré) s’enchaînent comme une lettre à La Poste, très rapidement. « Vous êtes monsieur/madame X, quelle est votre date de naissance ? Vous êtes marié, divorcé, veuf, célibataire ? Avez-vous des diplômes ? Quel travail faisiez vous ? Avez-vous vous une voiture ? » Et le tour est joué. Ne manque plus qu’une petite signature, et voilà, les recensés ont réalisé leur part. « La question du véhicule permet de connaître les besoins en parking. Celle sur la profession c’est plus un bonus, pour (leur) rappeler des souvenirs. »
Si les recensés du jour ont été collaboratifs (lire ci-dessous), Line doit parfois batailler ferme. Certains s’en moquent, ne veulent pas être dérangés ou sont craintifs. « C’est déjà arrivé que je crie de l’autre côté de la porte « Je vous laisse la feuille dans la boîte aux lettres, et n’oubliez pas la signature ! » » Parfois, la situation prête à rigoler : « Une fois, on m’a refusé l’entrée en pensant que j’étais de la police parce qu’il y a un drapeau tricolore sur ma carte d’agent ! » Mais dans tous les cas, « je ne les lâche pas ! », car le recensement est un acte civique obligatoire.
En résumé, pour être agent recenseur, « il faut être précautionneux, travailleur, consciencieux, aimable, présentable, savoir rester calme et diplomate », énumère la sexagénaire. Laquelle est définitivement fan de sa mission de début d’année : « J’ai la chance de rencontrer des personnes très bien. Il y a aussi ceux qui me proposent un café, un jus de fruit. Je leur dit « merci ». »
A Saint-Dizier, le recensement se terminera le 24 février.
Louis Vanthournout
Paroles de recensés
En attendant son tour, Jacques semblait légèrement pressé, rassuré directement par l’agent recenseur : « Ce ne sera pas long ne vous inquiétez pas. » Très physionomiste, la Bragarde a déjà servi son interlocuteur lorsqu’elle travaillait autrefois au bar de l’Agriculture. « Voilà le beau gosse », annonce Jacques, sourire aux lèves, avant de s’asseoir. L’homme prend plaisir à commenter avec humour chaque question. Pour le diplôme, il a obtenu « un CEP, mais j’avais le niveau CAP ». Concernant un éventuel véhicule, il possède ce qu’il appelle « un deux-pattes ». L’entretien est déjà terminé, « c’était du rapide ! », clame-t-il, avant d’accepter de poser pour jhm quotidien.
Surprise identique pour Josette un peu plus tard, laquelle alliait ses réponses avec autodérision : « J’ai mon BEPC, mais pas au-delà. J’étais un peu faignante. » Mention spéciale à Ginette, 98 ans, qui répond avec brio aux interrogations de Line, avant de repartir tranquillement à bord de sa « Rolls Royce ».