Une grosse claque – L’édito de Patrice Chabanet
Le miracle ne s’est pas produit. Bridgestone fermera son unité de production de Béthune, comme il l’avait annoncé il y deux mois. Les efforts déployés par la Région Hauts-de-France et le gouvernement pour limiter la casse et sauvegarder les deux tiers des 863 emplois n’auront donc servi à rien. Une grosse claque pour le président de la Région, Xavier Bertrand, et la ministre de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, qui s’étaient totalement investis dans ce dossier. Visiblement, ils ont été baladés par le géant japonais qui préparait depuis des années la dévitalisation du site au profit d’autres implantations en Europe. A l’impossible, nul n’est tenu, peut-on dire à leur décharge. Dès l’annonce de la fermeture définitive du site, l’extrême droite et l’extrême gauche sont montés au créneau pour dénoncer l’échec du gouvernement et de la Région. Il est sûr que les dirigeants japonais auraient eu peur de la France Insoumise et du Rassemblement national si ces derniers avaient été aux manettes…
Les
salariés, eux, doivent se raccrocher maintenant aux projets
alternatifs qui sont évoqués : une reprise partielle des
effectifs dans le secteur du caoutchouc ou en dehors. Le choix du
repreneur devra faire l’objet d’une extrême rigueur, en évitant
soigneusement tous ceux qui voudront toucher les primes
d’installation avant d’aller s’exiler sous d’autres cieux.
L’affaire Bridgestone montre les limites des implantations étrangères. Elles créent des emplois, ce qui est bon pour leur environnement économique. Mais elles sont tributaires de centres de décision éloignés qui ont leur propre logique sans égard pour les intérêts locaux. Disons le tout net : il n’y a pas de parades à ces comportements. Existeraient-elles que les grands groupes renonceraient à s’implanter.