“Une France fracturée” – L’édito de Patrice Chabanet
Il n’y avait que les naïfs pour croire que la France passerait entre les grosses gouttes du conflit qui déchire le Proche-Orient. Elle est éclaboussée par l’ampleur du drame humain. Se ravivent aussi, hélas, les zizanies politiciennes. Dernier exemple en date : le déplacement de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, à Tel-Aviv. Qu’elle ait commis une erreur en invitant dans sa délégation deux députés français de droite, soutiens notoires de Netanyahou, c’est évident. Ce qui est beaucoup plus grave, c’est la réaction de l’ineffable Mélenchon. Il a accusé le quatrième personnage de l’Etat de « camper à Tel-Aviv pour encourager le massacre » dans la bande de Gaza. Comble de l’ignominie : le patron de LFI s’est offusqué de la réaction outrée de Yaël Braun-Pivet. Affligeant et désespérant. Avec ce nouvel incident se confirme une tendance inquiétante dans une partie de LFI : un antisémitisme rampant.
La vivacité des débats à l’Assemblée ne doit pas dissimuler une réalité elle aussi peu reluisante : les bancs étaient à moitié vides. Comment convaincre les Français de la gravité de la situation quand une bonne partie de leurs représentants est absente ? Nos compatriotes ne seraient pas intéressés plus que ça par l’actualité internationale, nous dit-on. N’est-ce pas aux élus de les sensibiliser ? Et de les convaincre que notre pays pourrait être rattrapé par les désordres du monde. Entre la politicaillerie de bas étage et l’indifférence coupable, il doit bien y avoir un chemin pour aider à la recherche d’une solution, sans céder sur les principes et sur la condamnation sans équivoque des crimes commis par le Hamas.