Une forme d’indécence – l’édito de Patrice Chabanet
Respecter les vœux exprimés par les proches d’un défunt paraît frappé du bon sens ou de la simple politesse. Pas chez nous. La France Insoumise a fait savoir qu’elle assisterait à l’hommage qui sera rendu aujourd’hui à Robert Badinter. Or la famille de ce dernier avait fait savoir qu’elle ne souhaitait pas la présence du parti mélenchoniste, pas plus que celle du Rassemblement national d’ailleurs. Visiblement vexée, Marine Le Pen a pris acte de ce rejet, mais s’y pliera. Une forme de décence dont LFI ne fait pas preuve.
L’entourage de Robert Badinter a juste fait connaître son souhait sans l’expliciter. On peut penser que la position des deux partis sur l’antisémitisme a été jugée rédhibitoire. Le Rassemblement national est le descendant du Front national qui a recyclé des anciens collaborateurs en phase avec le discours antisémite de l’occupant. Quant à la France Insoumise, elle s’est distinguée en qualifiant le Hamas d’organisation de résistance au lendemain du pogrom du 7 octobre.
Cette affaire nous rappelle qu’en politique on est toujours rattrapé par son passé, ses travers, ses penchants, malgré toute tentative de dissimulation. La disparition de Robert Badinter a ravivé l’histoire d’un homme qui a vu son père arrêté par la Gestapo quasiment sous ses yeux. Un événement qui a fondé son engagement en faveur de la Justice et son combat contre l’intolérance. Ce message prend un relief particulier au moment où, dans le pays des Droits de l’Homme, les maniaques de l’antisémitisme et de la croix gammée relèvent la tête. Un rappel à l’ordre salutaire.