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Une fontaine à frissonner… la « Peûte bête » à Aujeurres

Nul ne contestera ce fait, la fontaine d’Aujeurres ne ressemble à aucune autre. Car voyez-vous, au centre du bassin trône un monstre de pierre, la “Peûte bête” ! Partons sur les routes champêtres du Pays de Langres découvrir cette originalité…

Si vous n’avez pas peur de croiser le regard de la monstrueuse “Peûte bête”, prenez la direction d’Aujeurres. Au centre du village la voici, impressionnante. Elle se dresse devant vous, gueule ouverte et crocs acérés. Ne bougez pas ! Elle semble prête à bondir.

Ecoutez l’histoire que l’on raconte depuis des décennies dans les chaumières. Une histoire à frémir. En voici un extrait, conté par Jean Robinet. « Un jour, il y eut moins de loups, on ne sut d’abord pas pourquoi, mais bientôt on se rendit compte qu’un fabuleux animal, venu d’on ne sait où et jusqu’alors invisible, les effrayait eux-mêmes. Ils avaient été dévorés ou s’étaient enfuis. Alors on trembla, car on ne savait à quel monstre on avait à faire. Il rugissait tantôt dans les gorges de la Vingeanne, tantôt au Mont Armet… Cependant, les craquements dans les forêts, les rugissements eux-mêmes n’étaient pas le pire. Le plus effrayant était le ronflement entendu dans les airs, car la bête volait aussi bien qu’elle marchait. On reconnaissait sur un pré les ossements d’un veau, une jeune fille était trouvée morte sur un sentier, la bête était avide de chair fraîche. Toute la contrée frissonnait, car cette bête, à la fois lion, aigle et serpent semait la panique. On avait peur, mais il fallait vivre. Un jour, le village ne possédant pas d’abreuvoir, on décida d’établir un bassin devant l’église. Les femmes pourraient y recueillir l’eau et les troupeaux s’y désaltérer. On était à la veille de l’inauguration, le village était en liesse. La bête fut-elle intriguée, elle entra au village, menaçant des jeunes filles qui lavaient leur linge au lavoir. La plus jeune pria alors Saint-Georges et un miracle survint. Un cheval dévala la colline voisine chevauchée par un garçon, lance au poing. Conduit par la main de Dieu, il se dirigea vers la bête, la terrassant de sa lance. La bête pétrifiée, trône depuis ce jour au centre de la fontaine et les habitants délivrés l’appellent “Peûte bête”, le mot peûte désignant ce qui est laid ».

Oserez-vous un jour croiser son regard ?

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