Une famille lorraine dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale
L’adjointe au directeur départemental des Territoires, Nathalie Kobes, est aussi une auteure, qui vient de faire paraître son premier roman. Sujet choisi par cette ingénieure et historienne de formation : la vie d’une famille de Lorrains sous l’Occupation, « ballotée culturellement et géographiquement ». Notamment par Saint-Dizier.
C’est en sa qualité d’ingénieure en chef des Ponts, des Eaux et forêts que Nathalie Kobes est arrivée à Chaumont voici un an. Elle exerce, en Haute-Marne, la fonction d’adjointe au directeur départemental des Territoires (DDT). Mais cette Mosellane d’origine est aussi une historienne de formation (elle a obtenu une licence à l’Université de Besançon) et une amoureuse des mots. C’est donc en alliant sa double passion pour la littérature et l’Histoire qu’elle vient de faire paraître son premier roman : « Ces étrangers venus d’ici ». Ou « l’histoire d’une famille lorraine, ballotée culturellement et géographiquement, sur fond de Deuxième Guerre mondiale », explique l’auteure.
« Pas une ligne »
Publié par la maison d’édition messine des Paraiges, « Ces étrangers venus d’ici » est un roman. Mais, ajoute Nathalie Kobes, « le livre est assis sur une solide base historique constituée de documentation, d’archives familiales et d’interview d’une dizaine de témoins ».
Car le conflit a profondément marqué des centaines de milliers d’Alsaciens et de Lorrains. Et ce dès septembre 1939. « Les familles qui habitaient dans la bande frontalière ont été évacuées en quatre heures », rappelle l’auteure. Pour celle dont Nathalie Kobes a choisi de raconter l’histoire, c’était direction le Sud-Ouest de la France. Un déchirement. Or, sur ces déplacements forcés, « il n’y pas une ligne dans un livre d’histoire », regrette l’écrivain, qui a eu le projet de consacrer un livre sur cette page douloureuse il y a quatre ans.
Passage par Saint-Dizier
« Etrangers » dans leur terre d’accueil française. « Etrangers » aussi à leur retour en Lorraine. Après la victoire allemande, « un tiers des familles ont fait le choix de rester dans la région où elles avaient été accueillies, par patriotisme, ou par crainte de se retrouver un fusil à la main », explique l’auteure. Parmi ceux qui ont choisi de revenir dans leur département désormais annexé au IIIe Reich, il y a eu, pour certains, un passage obligé par un centre de triage à Saint-Dizier. « Un chapitre de mon livre se déroule dans la gare de cette ville », indique la directrice adjointe au DDT, qui évoque également le cas des Malgré-Nous – les Alsaciens-Lorrains enrôlés de force dans l’armée allemande et qui se sont battus jusqu’en Russie – comme des résistants.
« Ces étrangers venus d’ici », qui sera disponible à Chaumont, c’est une œuvre littéraire. Mais c’est aussi, et surtout, le témoignage d’une histoire régionale méconnue, pas forcément comprise hors d’Alsace-Lorraine.
L. F.
« Ces étrangers venus d’ici », éditions des Paraiges, 256 pages.