« Une erreur de “minot“ » pour Axel Clerget à Paris

Le Bragard, Axel Clerget, pour son dernier tournoi de Paris, n’a pas obtenu le résultat espéré, la faute à un piège tendu par l’Italien Parlati dans lequel il s’est engouffré et s’est fait punir. Avec le podium de son compatriote Maxime Ngayap-Hambou, les Jeux olympiques s’éloignent.

jhmquotidien : Est-ce que l’on peut parler d’erreur de jeunesse, à 36 ans, contre Parlati ?

Axel Clerget : « C’est exactement cela. C’est une erreur de “minot”, que je ne dois plus faire à mon âge. Parlati aime bien “verrouiller”, il te met dans l’inconfort et cherche la faute de l’adversaire. C’est exactement ce que j’ai fait. Je suis pris au niveau du triceps et je tombe “plat dos”. Je m’engage en me précipitant et je ne dois pas le faire. Je m’étais noté de ne pas y aller. J’ai le temps. Cela fait ch…. Paradoxalement, à Tokyo, je l’avais mis plusieurs fois en danger là-dessus. Je dois temporiser dans ce match. Je sais le faire, “fermer“, je l’ai déjà fait 10 000 fois… Il y a sans doute trop d’envie et de confiance… C’est son style. Il a cette force à créer cela. Dans les mains, il y a quelque-chose de fort. L’Italien, qui est venu me mettre une “tape” sur l’épaule à la fin, car il savait que c’était la fin de mon histoire ici, a une posture très particulière. »

jhmquotidien : Forcément, la frustration prédomine pour votre dernier tournoi de Paris, pour la 14^e édition, avec cette fin prématurée. Le premier combat était pourtant une réussite.

A. C. : « C’est horrible, pour mon dernier Bercy, où je me suis toujours senti bien. D’autres choses m’attendent. Le premier match (contre Ivanov) est difficile car j’ai un gros tableau. Je fais trois attaques, et à chaque fois, le Bulgare, qui est un gros client, tombe. Je suis impactant dans mes choix. Je voulais m’exprimer. Pourtant, je suis sur une superbe journée. Ce n’est pas un piège. Je sens depuis l’échauffement que je suis bien. J’ai mon partenaire d’entraînement, à qui je dis que j’en ai assez, je vois le coach de club. Je n’ai pas besoin de parler. J’étais dans ma journée. C’est le judo. Une mauvaise décision, d’un quart de seconde, et tout s’arrête. C’est la beauté du judo. Je travaille pour ne pas faire cela. J’aurais aimé vivre une journée incroyable. Je dois l’accepter. Je suis tout frais, mais je me suis coupé l’herbe sous le pied. J’ai fait une connerie. »

« Mon destin ne dépend plus de moi »

jhmquotidien : Comment avez-vous trouvé le public parisien ?

A. C. : « C’est émouvant d’entendre le public scander mon prénom quand je sors du tatami. Les applaudissements ont été mignons. J’aurais aimé avoir une journée longue et pleine. Et pouvoir profiter. C’est beaucoup trop tôt. »

jhmquotidien : Pensez-vous que la course olympique est perdue ?

A. C. : « J’espère forcément toujours aller aux Jeux. Pour cela, il fallait faire une grosse performance pour clarifier les choses. Ce n’est pas un bon signal envoyé. Le tableau était d’un niveau olympique. C’est souvent là où je suis le plus fort. Si je me sortais des premiers tours, je montrais que je pouvais prendre mon ticket. Je ne l’ai pas fait. Mon destin ne dépend plus de moi (Maxime-Gaël Ngayap-Hambou a fait troisième, Alexis Mathieu s’est incliné au troisième tour), mais de mes adversaires et des sélectionneurs. C’est tout ce que je ne voulais pas et c’est frustrant. »

jhmquotidien : Forcément, les banderoles de vos supporters vous ont fait chaud au cœur.

A. C. : « J’avais 70 personnes venues pour me soutenir, dont 20 qui représentent mes sponsors, de Saint-Dizier, des Alpes, de Marseille, de Bordeaux, de La Rochelle, de la Bretagne, du Nord. Des gens qui ont compté dans mon parcours. Merci à eux d’avoir fait l’effort de venir. J’aurais aimé leur offrir une belle journée. C’est la loi du sport. Il n’y a pas que les compétitions, mais les pertes de poids, les sacrifices. Je suis vu comme un champion en Haute-Marne. Mais je ne gagne pas tout le temps. »

Recueillis par N. C.